Published On: sam, Nov 14th, 2020

Célia Moréno, une marocaine au Québec

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Par Mustapha Jmahri

Célia Moréno, marocaine de Casablanca, est la fille de Sam et Ninette Moréno. La famille habitait rue Abderrahmane Sahraoui (ex rue Chevandrier de Valdrôme). Sa mère est une fille Benarroch, cousine germaine de Jack Benarroch, propriétaire de l’Imprimerie de Mazagan au centre-ville d’El Jadida au temps du Protectorat. Célia a fait sa scolarité à Casablanca jusqu’à 19 ans. À cet âge, après son mariage, elle est partie vivre et étudier à Paris. Elle a étudié à la faculté de droit et sciences économiques, alors que son mari Carlo Bengio, natif de Casablanca, a étudié à la faculté de pharmacie. Ce dernier a gagné au concours d’internat des Hôpitaux de Paris et est entré au CNRS. Lorsqu’en 1971 il a été convoqué pour le service militaire, le couple est rentré à Casablanca.

Célia est une passionnée de théâtre, elle témoigne : « Ma passion pour le théâtre remonte à la fin des années 50.  En 1972, Carlo Bengio a monté Les Bonnes de Jean Genet au Café-théâtre à Casablanca fondé par Tayeb Saddiki. « C’est ce dernier qui nous a aidé à se produire au Café-théâtre car, à l’époque, il était ami de Carlo. J’ai joué dans cette pièce et également dans plusieurs autres pièces de Ionesco mises en scène par Carlo Bengio, avant notre mariage ».

Après le service militaire de Carlo, la famille est retournée en France en 1973 et depuis 1977, elle s’est installée à Montréal au Canada. En 1980, Célia fonda à Montréal avec Paul St-Jean, un artiste visuel, l’Écran humain. Puis plus tard, Carlo s’est joint à eux. Célia précise : « À cette époque le mot multimédia n’existait pas vraiment, et pour l’Écran Humain il signifiait l’intégration de tous les arts de la scène, danse, théâtre, musique, art visuel et utilisation de toutes les nouvelles technologies. Pour la première fois on créait des projections à effets tridimensionnels sur les acteurs habillés d’images aux contours de leurs corps qui les suivaient dans tous leurs mouvements. Ce sont nos deux fils, alors adolescents (15 et 16 ans) qui ont réussi à programmer l’ordinateur qui gérait huit projeteurs au début puis jusqu’à 24 projecteurs à la fin ». C’est Célia, la directrice générale qui en assurait la gestion, l’organisation des tournées asiatiques et européennes et la direction de tournées. 

Au sujet de sa famille, Célia Moréno ajoute : « Mes deux fils Yoshua et Samy : sont reconnus dans le monde entier comme des pionniers de l’intelligence artificielle. Yoshua fait honneur au Maroc car le 15 juin 2019, il a reçu le prix Allan Turing, qui est l’équivalent du prix Nobel de l’informatique. Ce sont les grandes entreprises d’informatique de la Silicon Valley qui ont créé ce prix que mon fils a reçu. Yoshua a fait de Montréal, le centre mondial de la recherche en Intelligence artificielle avec le plus grand nombre de chercheurs autour de lui au centre MILA. Ils sont 450 chercheurs du monde entier. Quant à mon fils Samy, il est responsable de la recherche en intelligence artificielle de Google à Mountain View, en Californie ».

Pour Célia Moréno, la distance rapproche. Malgré l’éloignement, elle garde toujours au fond de son cœur une tendre pensée pour son pays, le Maroc.

jmahrim@yahoo.fr

Photo : Célia Moréno à l’entrée de son immeuble à Casablanca en 2019

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