Published On: mar, Juin 11th, 2013

Le savoir… By: Abdeslam Seddiki

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SeddikiLes examens du baccalauréat commenceront ce mardi. Ce sont plus de 485 000 jeunes qui sont concernés et le nombre va crescendo d’année en année sous l’effet de la tendance vers la généralisation de l’enseignement fondamental d’une part et de l’amélioration du taux de scolarisation au niveau collégial et secondaire d’autre part. Dans l’hypothèse d’un taux de réussite au baccalauréat de 50%, ce seraient plus de 242 000 bacheliers  auxquels il  faudra trouver une place sur les bancs,  déjà encombrés,  des établissements universitaires et des instituts  supérieurs de formation.

Les plus chanceux, voire les plus performants, vont pouvoir décrocher une place dans les établissements à accès sélectif pour prendre l’ascenseur social   et devenir des «chevaux de race». Seule une infime minorité est en mesure de prétendre à une telle ascension parce que les places disponibles se mesurent au compte gouttes. Les autres, soit l’écrasante majorité, n’ont d’autre choix que d’aller s’entasser sur les bancs des établissements à accès libre qui se transforment de plus en plus, il faut avoir le courage de le dire, en «garderies pour adultes» !

En effet,  notre système éducatif a atteint un niveau de sélectivité sans précédent. Ce système à plusieurs  vitesses (au moins 3) génère  beaucoup de gâchis et de laissés pour compte. Une machine à produire des chômeurs !

Bien sûr, les problèmes ne se posent pas au niveau de l’enseignement  supérieur. Ils sont générés à la base plus exactement  depuis l’école primaire et s’amplifient au fil des ans pour déboucher sur des situations pratiquement ingérables au niveau  du supérieur.  Nous pouvons disserter à loisir sur les problèmes et les goulots d’étranglement de notre système éducatif, ses piètres performances en termes de rendement  interne et externe : abandons scolaires ahurissants, taux d’échec et de redoublements inquiétants, taux d’insertion dans la vie active dérisoires, une qualité qui laisse à désirer. Peu de choses à ajouter aux rapports accablants élaborés dans le passé par le Conseil Supérieur de l’Enseignement  (CSE)  et avant lui par la COSEF (Commission Spéciale Education- Formation) qui a élaboré une «charte nationale d’éducation et de formation»  restée pour l’essentiel une simple «tarte à la crème». Il faut reconnaitre, soit dit en passant,  une chose : nous avons une  grande capacité à faire de bons diagnostics, à élaborer d’excellentes lois et à démissionner collectivement dès lors qu’il s’agit de veiller à leur bonne application ! Les exemples font légion : ça va de la réforme de l’éducation à la réforme de la constitution en passant par la réforme du code de la route, la réforme du code de la famille et que sais-je encore !

La réforme de notre système éducatif est une question nationale de survie.  Elle est la clé de voûte de notre réussite sur le plan économique et la condition de l’émergence et du décollage de notre pays. Il ne sert à rien de continuer à se lamenter sur la faible compétitivité de l’économie marocaine et la perte  continue des parts de marché  tant que nous ne disposons pas d’un système de formation performant comme l’ont fait les pays  émergents. Comment peut-on prétendre à l’émergence alors que notre force de travail est en majorité analphabète et sans aucune formation, alors que le taux d’encadrement est juste suffisant pour reproduire le sous–développement !  Les théories de développement nous ont enseigné que parmi les conditions  préalables au décollage  il ya l’infrastructure physique et la  qualité des  ressources humaines.  Force est de constater qu’autant le Maroc a réalisé de bonnes performances  en matière d’infrastructure, autant il a raté le coche au niveau de l’éducation –formation.  La Banque Mondiale vient de nous le rappeler  dans un récent rapport intitulé  «transformer les économies arabes : La voie de la connaissance et de l’innovation». (http://www.banquemondiale.org)

C’est le véritable challenge  que nous affrontons : sommes- nous capables de prendre notre place dans la société du savoir et de l’innovation ?

•    Membre du Bureau Politique du PPS et Professeur à la FSJES Rabat Agdal.

 

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