Fin des émissions santé diffusées sur les radios marocaines?
Les émissions sur la santé diffusées par les radios marocaines ont un franc succès auprès des auditeurs. Un succès qui serait tel que de nombreux patients abandonnent le traitement prescrit par leur médecin pour mettre en pratique les conseils des animateurs disant appartenir à la profession. Cependant, les conséquences seraient généralement fâcheuses. Le ministère de la santé dénonce le « charlatanisme » et appelle le régulateur audiovisuel à mettre un terme à ces diffusions.
Le ministre de la santé, Hussaine Louardi, veut que les radios cessent de diffuser les émissions « dites de conseil pour la santé ». Il a, à cet effet, saisi la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA), en déposant une plainte lundi dernier, précise l’Economiste. Ces émissions, « animées par des personnes se disant spécialisées soit en médecine, en nutrition diététique ou en herboristerie, […] communiquent à leurs publics des informations sur des traitements de toutes natures, à base de produits végétaux ou minéraux, dont les effets thérapeutiques n’ont jamais été reconnus par les instances scientifiques et médicales à l’échelle internationale ou nationale, et dans plusieurs cas, certains produits ont été déclarés de haute toxicité et peuvent menacer la santé publique dans le pays », affirme M. Louardi dans un communiqué, rapporte la MAP. Il en veut pour preuve la hausse enregistrée par le Centre antipoison et de pharmacovigilance, des cas d’intoxication des personnes déclarant avoir suivi les conseils prodigués lors de ces émissions.
Le département de la santé dénonce « la publicité interdite et l’incitation à la pratique illégale de médecine et charlatanisme sur les ondes de radio », rappelant l’article 2 de la loi 77-03 relative à la communication audiovisuelle qui définit clairement les formes de publicité interdites. En effet, d’après ce texte, les publicités « comportant des incitations à des comportements préjudiciables à la santé, à la sécurité des personnes… », ainsi que celles « comportant des indications mensongères sur la santé ou incitant à la pratique illégale de médecine ou de charlatanisme » ne devraient en aucun cas être diffusées.
« Poursuivre » Les animateurs
D’après la presse nationale, les médecins du secteur privé seraient à l’origine de cette plainte via l’Ordre national des médecins. Nous avons tenté de joindre en vain le secrétaire général de l’Ordre, docteur Ahmed Serji. Pour le syndicat national des médecins du secteur libéral, « il faut arrêter le mal » de toute urgence. Il tiendra une réunion avec le ministre la semaine prochaine. « Nous discuterons de plusieurs sujets, notamment ces fameuses émissions qui font la promotion du charlatanisme au Maroc qui, en plus nuisent à la santé des citoyens », affirme Naciri Bennani, SG du syndicat contacté par Yabiladi. Il cite les cas de certains malades suivis pour un diabète. « Ils ont arrêté leur traitement pour suivre les conseils de ces charlatans. Certains ont fait des accidents cardio-vasculaires. C’est un crime ! », s’alarme-t-il.
Pour ce médecin, le gouvernement ne doit pas uniquement arrêter ces émissions, il devrait également « poursuivre ces charlatans », dit-il. Les professionnels perdraient-ils leurs patients suite au succès de ces émissions ? « Loin de là, lance M. Bennani avant d’avouer qu’Il est vrai qu’ils s’absentent des séances de consultations pendant un certain temps, mais reviennent souvent avec de graves complications ». Et c’est qui mérite d’attirer l’attention d’après lui.
Suspense
Les stations radio obéissent en ce moment à la loi du silence. Interrogée par l’Economiste, l’animatrice de l’une des émissions radio visées, a confié que sa direction lui a « défendu de faire un quelconque commentaire. Tout ce qu’elle peut dire c’est que son équipe reçoit « un nombre extraordinaire de SMS et d’appel ». Les auditeurs semblent s’inquiéter, mais elle n’a « aucune idée » du sort de son émission.
Cela fait trois jours maintenant que la Haca a reçu la plainte du ministre, mais n’a pas encore réagi. Que fera-t-il? Dans sa plainte, le ministre n’a pas cité d’émissions précises, mais il est de notoriété publique que l’une d’elle fait énormément le buzz depuis un certain temps à Casablanca. D’ailleurs son présentateur est devenu fort célèbre.
( Yabiladi.com )