Published On: mar, Avr 11th, 2023

HOMMAGE

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L’auteur de cet article s’adresse directement  à un de ses anciens enseignants monsieur Hassane Fousi, qui a pris sa retraie il iy a  une vingtaine d’années .

    »   La craie était devenue une partie de toi-même. Le prolongement de ton doigt : ton prolongement.  Elle avait l’avantage de connaitre son destin : poussière elle était , poussière elle devenait après avoir connu le plaisir de se donner sans retenue pour les besoins de l’apprentissage .

  Le tableau, l’ami de toujours, l’ami inconditionnel . Lui aussi avait fini par faire partie de toi- même

         Tu étais de ce côté-là du tableau , tu voulais qu’on s’occupât de toi et tu étais passé de ce côté-ci, et tu t’étais occupé de tout le monde . Au bout du compte tu n’avais pas quitté les lieux . Y avait -t-il un moment où tu t’étais dit que ton destin était lié à une salle de classe ? Avais-Tu imaginé un instant que , depuis que tu savais parler et marcher , tu allais passer toute ta vie dans un espace sobrement décoré d’une vingtaine de tables , d’un bureau , et d’un tableau???

             Maintenant ayant  dépassé  la soixantaine   ,tu pourrais juger que c’était une folie .Mais la folie est sœur de passion .Tu avais choisi ,au moment où tous les choix étaient possibles, ( ce qui ne serait plus évident après ), de suivre ta vocation . Imprégné de l’enthousiasme de ceux qui avaient accompagné ton apprentissage , tu avais décidé de monter la petite marche de l’estrade pour te mettre pour plus de quarante ans de ce côté-ci du tableau .

            Tu en avais vu défiler des élèves : des éveillés, des mal réveillés , des renfrognés , des indisciplinés , des timides , des turbulents , chaque année avec son lot d’arrivants et tu étais là , à la même place ,avec de moins en moins de moyens , avec de plus en plus d’exigence , et tu te dépensais pour dispenser ton enseignement , sans défaillir , parce que la passion t’animait , parce que devant 40 paires d’yeux tu n’avais pas le choix .

             Tu  traînais  parfois  le pied en arrivant dans ton établissement , pour cause de fatigue , de problèmes personnels , des aléas de la vie , mais dès que tu dépassais le seuil de ta classe , tu retrouvais de l’énergie , de l’enthousiasme , parce que tu parvenais toujours à les puiser en toi-même .

           Au sortir de ta classe, tu retrouvais la fatigue, tes problèmes personnels, mais tu avais le sentiment du devoir accompli.

         Tout cela régulièrement, au quotidien ; comme un métronome. Avait-on le droit de réduire sa vie à cela ? La vie est cela .Une main dans la rue se tend vers toi ,une main d’adulte , , mais combien déférente et respectueuse , la main de quelqu’un venu te dire merci , qu’il était ton élève et que tu lui avais donné par le hasard des rencontres , dans une salle de classe , sobrement décoré , – un tableau et des tables- , tu lui avais donné de quoi se construire de quoi être cet homme que tu viens de croiser dans la rue. Alors tu le prends dans tes bras , tu remarques qu’il avait  grandi , peut-être même un peu grossi , qu’il s’était laissé pousser la moustache , et tu le revois du temps de son adolescence à sa table ,du côté de la fenêtre un jour où tu lui avais adressé tes encouragements ou tes remontrances , et te voilà remontant dans le temps , rajeuni , revigoré, et reparti de bon pied vers le futur .

               Tu aurais eu plus de rencontres de ce genre s’il y avait moins de chômage ! .Probablement que ceux qui t’évitent ne veulent pas t’infliger l’affront de voir tes efforts pour leur réussite aboutir à une situation dont par ailleurs tu n’es aucunement responsable.

              Va vivre ta vie avec le sentiment du devoir accompli . Ne compte pas les années passées entre un bureau et un tableau .Quand on aime on ne compte pas !!! Ne fais même pas appel à ta mémoire pour te souvenir .Ton plus beau souvenir a l’allure de cet ancien élève qui vient à ta rencontre , pour te rappeler qu’il est devenu citoyen par tes soins , lorsque tu te dépensais sans retenue pour dispenser le savoir , , lorsque tu le dispensais sans calcul et sans économie .

             Mon hommage ( pour moi, c’est  largement satisfaisant ) ne peut prétendre qu’à cela ; à ces souvenirs vivants qui se perpétuent indéfiniment et qui te reviennent dans tout leur éclat , au gré d’une rencontre avec un de tes anciens élèves ou de tes anciens  professeurs que tu avais encadrés  . Ton bonheur est total parce qu’est total le don que tu as fait de ta vie au profit de ta mission , à aucune autre pareille : celle de faire sortir à ton échelle , l’humanité de l’ignorance et surtout de l’obscurantisme !!!!!  »

                                                SAOUD HOUSSA .

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