Published On: ven, Juin 12th, 2020

Maryse Guénois : Mon père, chef du BCT à Mazagan

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Par Mustapha Jmahri

Ancienne de Mazagan, Maryse Guénois, née en 1939 à Essaouira-Mogador, est issue d’une famille française de Bourgogne. Après un passage par Essaouira, Rabat et Marrakech, son père fut nommé, en 1944, chef d’agence du Bureau central des transports à El Jadida. Dans ce témoignage, Maryse Guénois évoque quelques souvenirs de sa vie et de celle de sa famille à El Jadida et au Maroc :

« Ma famille a vécu au Maroc au temps du Protectorat et également après l’Indépendance. L’histoire commence dans les années 1920, lorsque mon père, Pierre Guénois, arrive avec son oncle à Essaouira où ce dernier possédait la plus grande quincaillerie du Sud. C’est dans cette ville où je suis née et où l’oncle de mon père est décédé et enterré.

En 1938, mon père s’est marié avec ma mère à Rabat. Il sera ensuite mobilisé lors de la Deuxième Guerre mondiale comme sous-officier. A la fin de la guerre, il trouve un emploi au BCT de Marrakech et ensuite sera muté, en 1944, comme chef d’agence du BCT à Mazagan.

On était logés sur le lieu même du travail de mon père. Cet établissement se trouvait sur l’avenue Albert 1er (avenue Mohammed V), près du garage du mécanicien George Lopez et du pompiste Hamou. Ce dernier saluait mon père et discutait avec lui. Au moment de l’Indépendance, Hamou le rassura qu’il n’aurait pas à s’inquiéter des évènements. Au BCT travaillait un personnel marocain et européen. Je me rappelle par exemple de Ouaknine, Maurice Ohayon et Lull. Il y avait également quatre ouvriers marocains qui chargeaient et déchargeaient les camions parmi lesquels Abdellah et Marrakchi. Pour dire un mot sur cet organisme, le BCT a été créé au Maroc en 1937. Il monopolisait la régulation de tout ce qui touchait au transport de marchandises. Au début des années 60, il fut remplacé par l’ONT et plus tard encore, il a donné naissance à la SNTL.

J’ai fait ma scolarité d’abord à l’école tenue par les sœurs missionnaires de Notre-Dame des Apôtres de Lyon, puis je suis passée au collège de Mazagan et c’est là que j’ai rencontré des élèves jdidis parmi lesquels El Kadiri et Tahiri. Parmi mes amies à cette époque, il y avait Marie-Paule Fauché, Jacqueline Bensimon, Anne-Marie Hohl, Thérèse Wyss et Daniele Dalbe dont la maman avait une relation étroite avec une famille notable à Mazagan. Il y avait aussi Adèle Pierrard de Bir Jdid, Hélène Spassky d’origine russe, les sœurs Angèle et Paule Battini qui résidaient à l’Adir, et les sœurs Bouillot qui venaient, dit-on, de Jérusalem. Je garde le regret de toutes ces amitiés.

Après mon obtention du baccalauréat, je me suis inscrite en première année de droit à la Faculté de Rabat. Il y avait avec moi quelques originaires d’El Jadida tels M’fadel Lahlou et Paule Battini. C’est là aussi que j’ai vu, plusieurs fois, le leader istiqlalien Si Allal El Fassi.

Pour me rapprocher un peu de ma famille restée à El Jadida, j’ai effectué ma deuxième année universitaire à l’annexe de la faculté de Droit à Casablanca qui était logée dans l’immeuble de la CTM. Cette annexe dépendait de la faculté mère de Rabat. Nous étions dans ma promotion une vingtaine d’étudiants en majorité européens. Les professeurs, tous Français, venaient de Rabat pour assurer les cours à l’annexe de Casablanca. Parmi nos professeurs, il y avait notamment le doyen Daniel Veaux (1923-1998) et son épouse ainsi que A. Robin et P. Bauchet.

El Jadida reste un souvenir inoubliable de parfums de la médina, de promenades sur les remparts, de sorties à bicyclette avec mon frère Michel, jusqu’à sidi-Bouzid, et le petit bois d’Azemmour. J’aimais aussi les étés à la plage, avec les copains venus de Marrakech, les Cartier entre autres, sans oublier le théâtre et le cinéma de notre jeunesse.

En 1961, mon frère s’étant engagé comme élève-pilote à l’Armée de l’air, a quitté le Maroc sur l’Azemmour. Puis mes parents et moi, avons quitté le Maroc pour la France en juillet de la même année. Mon père continua à exercer aux Ponts et Chaussées de la Seine-et-Oise à Versailles et ma mère est rentrée au ministère des Finances.

Quant à moi, je suis rentrée dans la vie active en 1962, tout en continuant mes études de droit. J’ai travaillé aux Ponts et chaussées de Versailles, plus tard, devenu l’Equipement. J’ai eu des postes dans différentes villes : Versailles, Corbeil, Paris, Rouen et Toulon. C’est dans cette dernière ville que j’ai pris ma retraite en 1999. Je me suis installée ensuite à Saint-Nazaire puis finalement à Auray en Bretagne où je vis depuis août 2002. »

                                                                                                           jmahrim@yahoo.fr

Photo : M. et Mme Pierre Guénois à Rabat en 1938

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  1. Merci pour ces souvenirs qui me font revivre le temps heureux de mon enfance dans une ville et un pays que j’ai beaucoup aimés et nous donne des nouvelles de gens que nous avons connus dans notre enfance.
    Marie-Paule

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