Published On: jeu, Mai 14th, 2020

Paul Lagache : Quand El Jadida cultivait sa différence

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Par Mustapha Jmahri

Lors de l’année scolaire 1964-65 au collège Chouaib Doukkali à El Jadida, Paul Lagache était mon professeur d’histoire-géographie. À cette époque, cette matière était enseignée en français comme la plupart des matières. Paul Lagache enseigna à El Jadida pendant onze ans. Il quitta le Maroc en 1973 pour Madagascar. Aujourd’hui Paul Lagache vit avec son épouse dans une commune voisine du Touquet en France. J’ai pu le joindre au téléphone et on a pu évoquer ses années marocaines. Il était très content d’apprendre que j’étais son ancien élève au Maroc. Ci-après quelques bribes de notre conversation téléphonique.

Paul Lagache est né en 1936 à Toulouse d’une famille originaire du Nord Pas-de-Calais. Fier de ses origines, il explique que son nom dérivé de Agache signifie « pie » en vieux picard. Après sa formation à Lille, il a regagné le Maroc dans les premières années de l’Indépendance comme enseignant d’histoire-géographie. En 1959, il sera affecté à la petite ville de Karia-Ba-Mohammed dans la province de Taounate. Après quelques années passées dans le pré-Rif marocain, et, suite à sa demande, il sera muté, en 1961, dans un collège au centre de Sidi Bennour dans la province d’El Jadida. Le collège disposait d’un internat qui accueillait les enfants des Doukkala. La première année, il résida dans une maisonnette à l’intérieur du collège alors que dans sa deuxième année il lia amitié avec Si Kabour, un ancien combattant, qui lui loua un appartement en face du collège où il enseignait.

Après deux années passées à Sidi Bennour, il sera affecté au collège Chouaib Doukkali à El Jadida où il passa onze années. Paul Lagache considère que cette période mazaganaise reste la plus belle de sa vie. Il l’a qualifiée « d’impeccable à tous les niveaux ». Car El Jadida, dans les années 1960, représentait la petite cité côtière agréable où il faisait bon vivre et qui disposait de toutes les infrastructures nécessaires sociales, culturelles et touristiques. Il précise que « cette cité n’avait alors aucune différence avec une ville européenne de la même taille. Mieux : elle disposait d’un théâtre prestigieux, d’un grand hôtel de tourisme le Marhaba et de trois cinémas qui présentaient les derniers films produits dans le monde ». Paul Lagache a gardé de bons souvenirs de son directeur Si Ahmed Hattab, du surveillant général Si Abdeslam Abbadi et de ses collègues professeurs marocains et français dont Mme Marie-Madeleine Rivière et M. Denanot. Le directeur du collège, Si Ahmed Hattab, dit-il « venait juste de prendre la suite de l’ancien directeur français, Felix Poli ». Avec certains professeurs, il a gardé le contact plusieurs années après son retour en France, tels avec Roger Lignon et M. Mottard, décédé à Troie en 1980. Le professeur Lagache souligne que les élèves marocains des années 60 avaient un bon niveau et étaient animés par la volonté de travailler et de réussir. Il juge même que cette génération d’élèves marocains n’avait rien à envier à celle de France. Il ajoute « certes, la plupart des élèves avaient un âge qui ne correspondait pas avec la classe où ils étudiaient, mais ils étaient très motivés pour l’apprentissage ».

A El Jadida, Paul Lagache résidait dans une villa située en haut de l’avenue Hassan II juste en face de l’école Charcot. Il se rappelle de ses anciens voisins : l’enseignant Léo Seillier, André Darrigrand, directeur de l’usine d’algues, Charles Duplessis Saint-Reuquier, homme solitaire, que les enfants appelaient « Monsieur Fou », ainsi que la doctoresse Mme Larrieu, pédiatre à l’hôpital Mohammed V, sous la direction du chirurgien Hamelin. Son mari, M. Larrieu, était professeur de maths au collège Mohammed Rafy.

Aimant les voyages et l’aventure, Paul Lagache partira, en 1973, à l’autre bout de l’Afrique, à Madagascar où il dirigea pendant trois ans le centre pédagogique de formation des instituteurs. Il passa ensuite une dizaine d’années au Niger avant de retourner finalement en France. Il prit sa retraite en 1996. Au total, il aura passé les deux tiers de sa carrière de professeur en Afrique. Aujourd’hui Paul Lagache vit avec son épouse prèsdu Touquet.

jmahrim@yahoo.fr

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Displaying 2 Comments
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  1. Mhamed Nacif dit :

    Ce fut la belle époque avec des enseignants de qualité tel M. Lagache, Monsieur et Madame Denanot, Mr et Mme Barre, Mr Gikel, Le prof d’Anglais Mr Ardhuin et les autres … sans oublier Sidi Ahmed Hattab et tous les autres marocains de l’époque. Nostalgie oblige, je me rappelle toujours des camarades de la classe 1ère, 2ème et 3ème C (1962-65)
    Vivement El Jadida – la Deauville du Maroc.

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