Abderrazak Benchaâbane : le magicien des parfums
Par: Alain Degans–
Le temps pour Abdelali Errehouni d’accomplir « l’exploit », de clôturer dans les temps la modération de la conférence tenue au Pullman, de prendre congé du nombreux public, de l’invité de marque en la personne du docteur BEN-NCER et des homo sapiens de jebel Irhoud, le voilà arrivant à la médiathèque Driss-Chraïbi avec si peu de retard que le public, là aussi nombreux, l’applaudit comme il se doit et comme il le mérite. Entre temps, Damien Heurtebise avait bien meublé l’espace en lisant un extrait du livre de l’invité de cette rencontre, Abderrazak Benchaâbane, « le livre du sable et du parfum ».
En entrant dans le salle, on ne s’y trompait pas : les effluves des parfums que l’invité avait amené dans ses valises et qu’il avait fait flotter dans toute la salle flattaient l’odorat de chacun.
On allait donc parler parfum. On aurait pu parler botanique, photographie, jardin Majorelle, tant de cordes à son art font de ce personnage par ailleurs captivant, un boulimique, un touche à tout.
Abdelali sitôt arrivé, pris les choses en main, rappela le parcours de son invité, dit combien il avait aimé le livre, un roman qui n’est pas malgré tout autobiographique.
C’est une réflexion sur les événements, un livre comblant sa nécessité d’écrire, un besoin qui l’amène à remplir de petits carnets, des notes sur son rapport avec la nature.
L’auteur dresse le contexte qui l’a amené à ce rapport : une mère, jeune veuve dans une famille de la bourgeoisie marrachkis épouse un berger et lui et ses frères vécurent entre ville et campagne. « C’était le passage d’un monde à l’autre ». Mais très vite, la campagne lui révéla la nature et l’amena à faire des études de botanique. Il est d’ailleurs aujourd’hui professeur d’université.
Il rencontre Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé qui viennent de racheter le jardin Majorelle en piteux état. Yves Saint-Laurent lui laisse carte blanche pour réaménager le Jardin. Il reste fidèle à la conception initiale, celle de Jacques Majorelle. « Un jardin a besoin de beaucoup d’entretien, on doit respecter les plantes, les entretenir et les soigner. »
C’est également Saint-Laurent qui l’amène aux parfums. Du jardin aux flagrances, il n’y a qu’un pas et il est poussé par le grand couturier à faire des parfums qui ressemblent à l’Orient.
« Un parfum éveille la mémoire, créée des émotions ». « Grâce à la nature, je suis un homme heureux », confie-t-il à Abdelali Errehouni. « La confrontation avec la nature est source de bonheur, le bonheur étant la capacité de s’émerveiller ». « Il faut cultiver l’enfant qui est en nous-même », dira-t-il encore.
Ainsi parlait « le magicien du parfum »…