Les oiseaux se cachent pour mourir
Dernièrement, un jeune handicapé physique, la vingtaine à peine entamée, a été retrouvé mort en bas d’un immeuble à El-Jadida.
Suicide ? Beaucoup d’indices le laissent croire. En tout cas, un triste scénario auquel a assisté une foule impuissante, mais visiblement prête à tout, pour venir en aide, si le moindre besoin s’en fait sentir.
Sapeurs pompiers, policiers, ambulances… se sont déplacés en nombre. Malheureusement, il n’y avait rien à faire pour sauver la vie du jeune homme.
Un comportement digne de la part de l’assistance et des représentants des différents services. Une atmosphère pathétique et une solidarité humaine exemplaire et qui met du baume au cœur.
Cependant, une question nous tracasse l’esprit : comment peut-on déployer tant de moyens pour sauver un jeune homme qui visiblement, cherchait à mettre fin à ses jours et laisser mourir dans d’atroces souffrances, des malades qui font tout pour qu’on daigne leur accorder un brin d’égard et leur venir en aide ?
Des citoyens, qui sont souvent sans travail et donc sans possibilités de bénéficier d’une couverture sociale.
A croire qu’être chômeur dans ce pays est un choix délibéré, un luxe que les gens se payent de leur plein gré.
Comment peut-on sortir « la grande artillerie » pour empêcher un jeune homme de mourir et dédaigner les appels à l’aide de tous ces citoyens malades, sans couverture sociale et qui ne demandent qu’un peu d’égard pour se soigner et Vivre ?
Qu’est ce qui ne tourne pas rond ?
Ne sommes-nous pas, entrain de récolter les conséquences malheureuses de notre suivisme aveugle de certains pays développés ?
En France, entre autres, où l’on use d’énormes moyens en hommes et en matériel pour venir en aide à toute personne cherchant à mettre fin à ses jours, on agit de même, envers un SDF menacé par une grande vague de froid, un chat piégé en haut d’un poteau électrique…
Des Etats qui non seulement sont prêts à venir en aide aux citoyens malades ou en détresse, mais des Etats qui anticipent aussi pour empêcher que cela n’arrive. Car ne rien voir venir, être pris de court… est un comportement inacceptable lorsqu’on est responsable et que l’on est payé pour être « prévoyant ».
Un malade qui n’arrive pas à se payer des soins, n’est-il pas un mort en sursis ?
Ne pas l’assister, physiquement et/ou psychiquement, n’est-il pas un délit, de non assistance à personne en danger ?
Et si ce jeune homme qui s’est suicidé, souffrait d’une maladie incurable ? Et si, ne pouvant pas se payer les soins nécessaires pour sa guérison, a préféré mettre fin à ses jours et écourter ses souffrances ? Ce système qui s’est mis en branle (tardivement) pour le sauver, ne pouvait-il pas le prendre en charge jusqu’à assurer sa guérison probable ?
Empêcher quelqu’un de se suicider est un acte noble. Mais est-ce moins noble d’aider un citoyen souffrant d’insuffisance rénale ou cardiaque, de diabète, de cancer, de tension… ?
A y penser de près, l’on se demande si la raison derrière « la noblesse » du comportement précité n’est pas celui-ci : « Les oiseaux se cachent bien pour mourir, alors faites comme eux. Cachez-vous pour mourir. Laisser les immeubles attenants aux grands boulevards, laisser les lieux publics et tout ce qui est en mesure de faire une mauvaise publicité pour nous responsables… »
-« Et alors », diriez-vous ?
-« Et alors….crève qui voudra ! »