By: Pierre Garnier -_-_
Une réflexion consacrée au pourquoi de la mise en place de cours de soutien en langue française au profit des enfants en situation difficile.
– le témoignage d’un bénévole de notre association pour sa première participation à une mission sur place.
La langue française fait partie de la vie quotidienne des marocains. Aujourd’hui encore, plus d’un demi-siècle après l’indépendance du pays, la langue française reste très répandue sur l’ensemble du territoire, notamment dans le secteur des entreprises, de l’enseignement et de l’administration.
Le choix de l’école pour inscrire son enfant, pour les milieux privilégiés, repose largement sur la qualité de l’apprentissage des langues. Un grand nombre de parents, se basent sur le niveau de français pour choisir l’établissement de leurs enfants. Ce choix se porte souvent sur l’école privée. En effet, aujourd’hui, dans les écoles publiques, le français n’atteint pas le niveau escompté. Cette baisse de niveau de la maitrise du français, constatée depuis plusieurs années dans les établissements scolaires et universitaires, est un obstacle à la poursuite d’études, en particulier, pour les enfants défavorisés de milieux ruraux.
Ces élèves, partagés entre l’enseignent du français à l’école et la seule pratique de l’arabe, du berbère ou d’une langue dialectale, dans leur milieu familial, sont en grande difficulté dès le cycle primaire. Difficultés qui ne font que s’accentuer ensuite au collège, devenir un obstacle à l’entrée au lycée, voire un empêchement à la poursuite d’études supérieures.
Suite à ce constat, en partenariat avec l’équipe pédagogique du collège El Manar et l’association de parents d’élèves, ‘Enfants de la Bâdiya’, développe depuis la rentrée, la mise en place d’un soutien en langue française au profit de ces élèves en difficultés, afin de favoriser la poursuite de leurs études et leur intégration dans la société marocaine de demain.
Pierre Garnier
De nombreuses demandes de soutien en langue française… essentiellement de la part des jeunes filles !
Olivier, bénévole de ‘Enfants de la bâdiya , s’est rendu sur place, à El Jadida, du 8 au 15 octobre dernier .
Je n’allais pas à El Jadida pour faire du tourisme mais pour me rendre compte des besoins des enfants marocains, être au plus près de l’association alors que j’habite loin de la Bourgogne, participer au développement des projets déjà en place ou nouveaux, rencontrer les enfants, le corps enseignant et les autorités et m’assurer que les fonds collectés grâce à la générosité des adhérents, générosité financière et bénévolat, étaient bien utiles et bien utilisés.
C’était pour ainsi dire la première fois que je mettais le pied sur le continent africain. Le Maroc, un ancien protectorat français, nous est très proche. Il est surprenant de constater combien il nous est fidèle et reconnaissant : amitié, langue, culture et histoire.
Banlieue d’El Jadida : le douar Bahara.
Notre mission d’aide aux enfants d’El Jadida a comporté deux volets :
– Enfants des douars (3-7 ans) fréquentant des écoles maternelles privées et précaires
– Collégiens des douars (12-15 ans) inscrits au collège public El Manar
Les 2 derniers jours ont été consacrés à l’achat d’artisanat marocain (bijoux, cuirs…à Tiznit. Enfants des douars :
Dans la misère et la saleté, des bidonvilles en pleine ville. J’y ai vu des choses formidables. L’école étant privée est faite de bric et de broc, trois petites pièces (30m2 environ) pour faire la classe à 60 enfants de 3 à 7 ans, 2 institutrices dévouées, attentives, sans aucune aide financière, rétribuées avec les 20 à 50 dirhams (2 à 5€) que doivent leur donner mensuellement chacun des enfants, des enfants propres, disciplinés ,joyeux. Dans un autre douar, l’école, c’est l’une des pièces à vivre du logement de l’institutrice. Ici le soutien apporté par l’association est tout de suite mis à profit : pupitres pour les enfants, en remplacement de bancs et planches de guingois, boites de craies, jeux, tableaux noirs, matelas pour que la sieste des tous petits ne se fasse pas à même le sol, cahiers, jouets, petites culottes de rechange, en cas d’accident… Nous avons donc fait de nombreux déplacements pour ajuster nos achats aux besoins urgents de ces écoles. Le résultat de nos actions : tableau, bureau pour l’instit, pupitres). Nous avons rencontré dans un douar une jeune fille terminant ses études supérieures, preuve de l’utilité de nos actions.
Ecole du douar Lamssaada : de nouveaux pupitres !
Echanges entre les collégiens et les bénévoles de ‘Enfants de la Bâdiya’
Il s’agit d’accompagner les enfants des douars fréquentant le collège et qui ont bien sûr plus de difficulté à poursuivre leur scolarité : éloignement, moyens financiers, exiguïté et précarité du logement familial, niveau culturel. Environ 1400 élèves sont scolarisés au collège public dans des classes correspondant à nos 5e, 4e et 3e. On y retrouve la même ambiance de nos collèges, classes bien tenues, discipline : toujours un bonjour à nous, étrangers. Pourtant le pas franchi, on sent le manque de moyens : état de la cour, propreté, sécurité. Deux personnalités sont très impliquées dans la prise en charge des enfants : Rachid Belrhit, le principal du collège et Mohamed Nasser Moutmaz, le trésorier de l’association des parents d’élèves du collège. Plusieurs réunions nous ont permis de comprendre leur besoin, définir le périmètre de notre n terme d’effectif, répondre avec nos moyens : remboursement des frais d’inscriptions, achat des livres scolaires, paiement de l’assurance, achat des cartes de transport, soutien en français.
L’année dernière, nous avions soutenu une soixantaine d’enfants, sur la nouvelle liste proposée par Mohamed Nasser, nous sommes étonnés de trouver soixante-quinze nouveaux noms d’élève, pas un de l’année précédente. Après interrogation de ceux-ci : « nous avons été soutenus l’an passé, maintenant c’est au tour des nouveaux ». Quelle humilité, quelle solidarité, quelle sagesse ! Du coup nous prenons en charge les 135 élèves.
Rachid Belrhit, directeur du collège et Mohamed Nasser Moutmaz, trésorier de l’association de parents d’élèves, partenaires de ‘Enfants de la Bâdiya’.
S’agissant de régler les factures présentées par l’association des parents d’élèves, cela est moins concret pour moi. Par contre, il y a beaucoup de contacts humains avec les enfants, Nasser et Rachid faisant le nécessaire pour nous imprégner et nous rapprocher. En revanche, les enseignants n’ont pas pris le temps de nous rencontrer. Et c’est dommage car notre souhait est de bien créer un partenariat enseignants – ‘ Enfant de la Bardiya’ pour le soutien en français des 135 élèves. Ils seraient répartis en groupes de niveau de 8 à 10 élèves à raison de 2 heures par semaine de cours ou d’atelier. Cela veut dire approximativement 7 enseignants volontaires, 7 enseignants payés par notre association. Si les enseignants ne s’impliquent pas, le projet aura du mal à aboutir dans la forme que nous souhaitons, alors que les enfants sont vraiment motivés. Ils savent que sans le français les études supérieures ne leur sont pas accessibles. Cependant dans les pays chauds il faut être patient et laisser du temps au temps…
Enfin nous avons compris que le parrainage individuel pouvait être ressenti négativement : parents et enfants considèrent cela comme un privilège accordés à certains, alors que nous ne faisons pas de différence.
En conclusion, j’ai eu beaucoup de plaisir à être sur le terrain. Quelles que soient les différences, il y a sur le terrain un énorme enrichissement personnel.
Merci à Mr A. Aboufariss d’avoir publié l’article de Pierre Garnier, Président de l’association humanitaire française « ENFANTS DE LA BADIYA » qui agit au Maroc dans l’aide scolaire d’enfants de la région d’El’Jadida.