Le nouveau doyen de la Faculté Polydisciplinaire d’El Jadida Abdelaziz Chafik
By : Mohamed LOKHNATI-_-_
A la suite de la cérémonie d’investiture du Professeur Abdelaziz Chafik, en tant que doyen de la faculté polydisciplinaire d’El Jadida pour un deuxième mandat de quatre années, un entretien mené auprès de celui-ci, nous a permis d’aborder un ensemble de questions sur les politiques et stratégies du développement de cet établissement.
– Quelle est l’offre de formation proposée par la faculté polydisciplinaire d’El Jadida (FPJ) et quelle est votre politique dans le choix des cursus de formation?
La faculté polydisciplinaire a été créée en 2004 et lorsqu’elle avait ouvert ses portes pour la première fois aux étudiants d’El Jadida, l’Université Chouaib Doukkali comptait déjà une Faculté des Sciences et une Faculté des Lettres et des Sciences Humaines qui couvraient les champs disciplinaires des sciences techniques et des sciences humaines et sociales. Il était du devoir de la FPJ de venir compléter la palette des formations existantes, et c’est la raison pour laquelle nous nous sommes positionnés sur le champ disciplinaire des Sciences Economiques et du Mangement.
Depuis son démarrage, la FPJ s’est fixée comme stratégie de concentrer son offre de formation sur des licences professionnelles, cadrées par rapport aux stratégies sectorielles du développement économique national et notamment ; le plan émergence et les métiers mondiaux du Maroc, le Développement du tourisme à l’horizon 2020, La stratégie du développement de la compétitivité logistique, le plan Maroc vert,….
Ainsi, nous avons commencé par une filière fondamentale en « Sciences Economiques et Gestion » puis au fur et à mesure nous avons mis en place 8 licences professionnelles et 4 Masters spécialisés, dispensés en formation initiale et continue. Il s’agit des licences en Management Commercial, la Gestion des Ressources Humaines, Logistique et production intégrée, Techniques de vente, Gestion industrielle, Marketing Touristique et Management de la Qualité, Banque et Finance et la Gestion Administrative. Pour ce qui est de l’offre en masters spécialisés, ouverts en formation continue, il s’agit des cursus de l’Ingénierie Logistique, le Management Hôtelier et Touristique, l’Ingénierie des Ressources Humaines et du master en Banques et Finances.
Ces filières connaissent une forte attractivité et drainent une demande exprimée par des candidatures représentant l’ensemble du territoire national.
– Quel est votre plan de recrutement pour accompagner l’accroissement de la FPJ en matière d’encadrement ?
Actuellement, et après 8 ans d’existence, nous avons à peu prés 1300 étudiants dont 1000 environ sont en formation initiale et 300 en formation continue. Nous avons constitué une équipe pédagogique d’une quinzaine d’enseignants universitaires permanents et nous collaborons avec une vingtaine de professionnels et de vacataires du milieu socioéconomique. De plus, nous avons également entre 20 à 25 experts internationaux, qui proviennent de diverses universités françaises et de belges, et qui nous accompagnent tout au long des formations. En effet, au niveau des licences professionnelles et des mastes spécialisés, plus de 47% du volume horaire des cursus ouverts en double diplômation est assuré en présentiel par des experts internationaux, ce qui montre la forte implication d’experts et académiciens internationaux dans l’encadrement de ces cursus et traduit l’importance accordée par la FPJ à l’ouverture à l’international.
– Quelle appréciation avez-vous sur l’attractivité de cette offre de formation ?
La faculté poly disciplinaire d’El Jadida a connu une rentrée universitaire 2012- 2013 marquée par une demande exceptionnelle sur les Licences professionnelles et les Masters spécialisés. Ainsi, pour un nombre d’étudiants d’environ 360 retenus, plus de 3500 demandes ont été soumises à l’étude, soit un taux de sélectivité de 1 pour 10 environ. Ces demandes proviennent de l’ensemble du territoire national, avec la région d’El Jadida qui vient en premier lieu avec un taux de 26%, suivi de la région de Casablanca avec 16% de demande, Marrakech-Agadir avec 13%, Fès- Meknès 14%, Oujda-Taza 8%, Rabat-Salé-Kenitra 7%, Tanger 4%, Layoune 2%, etc…
Le succès de ces cursus réside dans le fait qu’il s’agit de formations professionnelles, cadrées par rapport aux stratégies sectorielles du développement économique national et répondant, en conséquence, aux besoins exprimés par le marché de l’emploi. De plus, la majorité de ces filières sont dispensées en double diplômation avec des universités Françaises (Clermont Ferrand et Montpellier) et Belges (Bruxelles et Mons), ce qui se traduit par un co-encadrement de ces cursus par des experts et académiciens marocains et étrangers, et permet d’augmenter la valeur ajoutée des produits de formation, ainsi que l’employabilité des lauréats.
– Quel est votre stratégie dans le renforcement des liens avec le milieu socioéconomique afin d’accompagner les formations professionnelles dispensées ?
Le fait d’avoir opté pour des formations professionnelles comme choix stratégique en terme de politique de formation, nous ramène automatiquement à la nécessité d’établir une collaboration intense et durable avec le milieu professionnel. En effet, les formations professionnelles exigent dans leur cahier de charge une implication des experts du milieu professionnel dans l’encadrement technique et pratique des apprenants à hauteur de 20 à 30 % du volume horaire global de la formation. C’est donc la raison pour laquelle nous avons développé de nombreux accords de partenariat avec les entreprises locales et régionales, dans le secteur industriel, le monde des banques et finances, les assurances, le secteur touristique,… . Ces opérateurs socioéconomiques offrent divers stages de formation à nos étudiants et recrutent également un grand pourcentage de nos lauréats.
Par ailleurs, en plus du milieu professionnel national, nous accordons beaucoup d’importance à la collaboration avec des universités internationales qui nous alimentent également par des experts internationaux qui viennent aussi pour accompagner nos étudiants. Cette forte présence de professionnels nationaux et internationaux dans l’encadrement des cursus dispensés constitue un atout certain qui permet d’accroitre la valeur ajoutée des profils de formation et d’améliorer, par voie de conséquence, l’employabilité des lauréats.
– Disposez-vous de quelques indicateurs sur l’insertion des lauréats de la FPJ ?
En effet, l’analyse des statistiques relatives aux taux d’insertion estimés sur les promotions précédentes confirme ce constat. Ainsi, la performance moyenne a été évaluée à 85%, ce qui signifie que seul 15% des diplômés sont en quête d’un emploi. En outre, la répartition des taux d’insertion par type d’organisme (public/privé) a montré que 75% des lauréats intégrés dans le marché de l’emploi exercent dans des établissements privés.
De plus, la répartition des taux d’insertion suivant les secteurs d’activités montre que le secteur des banques et assurances constitue le premier employeur avec un taux de 35% des lauréats engagés, suivi par les multinationales opérant dans le domaine commerciale qui totalisent 25% des recrutements puis 20% repartie entre les finances publiques et l’enseignement. Le tourisme détient un taux de 12%, alors que le secteur de l’Offshoring enregistre un taux de 8%.
– L’université marocaine est exposée à un grand défi de massification, quel impact sur la FPJ ?
Effectivement, ce phénomène d’accroissement massif dans le nombre des nouveaux bacheliers impose une nouvelle dynamique d’accompagnement dans toutes les universités marocaines. Pour la Faculté polydisciplinaire, le nombre total d’étudiants en première année a atteint, lors de cette rentrée universitaire 2012-2013, environ 700 étudiants dont plus de 400 sont des nouveaux inscrits, soit un accroissement de 18% par rapport à l’année précédente. De plus, cette tendance haussière est appelée à se maintenir pour les quatre années à venir, ce qui rend urgent l’achèvement de la construction des bâtiments propres à la faculté polydisciplinaire pour la rentrée universitaire prochaine, afin d’accompagner cette demande croissante.
– Le projet du nouveau campus a prévu un édifice pour la Faculté polydisciplminaire dans l’espace du Mazagan, où en êtes-vous actuellement ?
Actuellement, nous sommes dans les phases finales et la livraison des nouveaux bâtiments est prévue en Juin 2013. Avec un coût global estimé à environ 47 millions de Dh, ce nouvel édifice permettra d’augmenter la capacité d’accueil à près de 1600 étudiants. De plus, de nouvelles ressources humaines académiques et administratives sont prévues dans le cadre du plan quadriennal liant l’Université Chouaïb Doukkali au Ministère de tutelle, ce qui permettra d’accompagner les augmentations attendues des effectifs des nouveaux inscrits.
– Quels sont vos projets futurs concernant le développement de l’offre de formation ?
Lors de ce deuxième mandat, et en plus des efforts de consolidation des formations existantes que nous allons continuer à déployer, et pour répondre à un besoin croissant exprimé par la demande locale dans le champ disciplinaire des sciences juridiques, nous allons accorder une attention particulière à l’ouverture progressive des filières de droit, en visant comme première priorité la discipline du droit privé en français, qui connait une forte demande dans le marché de l’emploi. De même, un nouveau département des sciences juridiques sera mis en place afin d’accompagner l’extension de l’offre de formation dans ce champs disciplinaire, et ce aussi bien en formation initiales qu’en formation continue.
– Y’aura-t-il des masters en formation initiale ?
Il est à rappeler qu’il a été adopté, par un conseil du gouvernement tenu le 11/10/2012, un texte de loi permettant aux Facultés Polydisciplinaires d’ouvrir également des cycles de Master et de Doctorat. Ainsi, nous allons veiller à accréditer, progressivement, à l’échelle nationale les cursus de Masters d’université ouverts actuellement en formation continue, afin d’offrir à nos étudiants la possibilité de pouvoir poursuivre leur études de Master en formation initiale à l’échelle de notre établissement. La priorité sera donnée aux domaines de la logistique et de la GRH, puis à d’autres projets stratégiques, tels que le Management de la Qualité, les Finances Islamiques, la Gestion des risques, Etc,…
Cependant, la mise en place progressive de ces masters restera tributaire de l’accroissement des capacités d’encadrement pédagogique de l’établissement, ainsi que de la disposition de profils adéquats dans ces domaines de spécialisation.
– Quelle est votre politique du développement de la Recherche Scientifique au sein de la FPJ ?
En harmonie avec le projet de structuration de la recherche scientifique adopté à l’échelle de notre université, et en tenant compte des spécificités qui caractérisent nos équipes en matière de compétences humaines et des thématiques de recherche qui s’intègrent dans l’environnement socio-économique de la région Abda-Doukkala, nous avons accrédité un premier laboratoire de recherche autour de l’axe thématique de recherche intitulé « Economie et Management de l’Immatériel et du Territoire ». Les sujets de recherche qui seront principalement développés au sein de ce laboratoire concernent; l’économie de la connaissance, les investissements immatériels, le développement local, le développement Humain, le management de la compétitivité de l’entreprise, la gestion des risques, etc..
– Quelle place accordez-vous au partenariat international dans le développement de la recherche scientifique ?
Au bilan de ce premier mandat, la Faculté polydisciplinaire a organisé plusieurs colloques internationaux en collaboration avec des partenaires internationaux, tels que, la Haute Ecole Fransico Ferrer de l’Université Libre de Bruxelles Belgique, L’IUP de l’Université d’Auvergne à Clermont Ferrand France, L’Université de Mons en Belgique, L’association internationale du développement du Business Africain, etc. Ces colloques ont portés sur des thématiques stratégique, tels que ; La promotion de l’entrepreneuriat, le développement de la compétitivité logistique, la finance au service du développement économique, les défis du développement de l’économie Africaine, la promotion à l’export des produits des coopératives Marocaines,…
Ainsi, et compte tenu de l’impact positif de ces rencontres entre chercheurs sur le renforcement de la coopération scientifique, nous allons continuer à soutenir la tenue de colloques internationaux qui susciteraient aussi bien l’intérêt des chercheurs et académiciens que celui des professionnels du monde socioéconomique, afin de favoriser la naissance de projets de recherche développement porteurs de facteurs clés de succès et pouvant générer un développement économique et social.
– Des étudiants de la région demandent à s’inscrire en Doctorat, option sciences économiques et gestion, quelle réponse leur donnez-vous ?
Dans le but de permettre à nos futurs étudiants désireux de poursuivre des études doctorales dans ce champ disciplinaire, et de permettre à notre faculté d’achever sa réforme pédagogique LMD (Licence, Master, Doctorat), nous allons déployer tous les efforts nécessaires pour l’accréditation d’un Centre des Etudes Doctorales (CED) dans le champ disciplinaire des sciences Juridiques, Sociales, Economiques et du Management, au sein de notre établissement.