Le football est l’opium du peuple
– Une analyse à la lumière de Marx—
Par: Chakroun Mustapha
Karl Marx affirmait que « la religion est l’opium du peuple », une critique acerbe contre ce qu’il considérait comme un instrument d’aliénation des masses, détournant leur attention des véritables luttes sociales et économiques. Aujourd’hui, dans une société mondialisée où les écrans remplacent les autels et les stades se dressent comme de nouveaux temples, une autre passion semble jouer ce même rôle anesthésiant : le football.
Moi, Chakroun Mustapha, j’avance cette idée provocante et réaliste : « Le football est l’opium du peuple. »
Comment le football, sport universel et passionnant, est-il passé du simple jeu collectif à un outil de contrôle social, de distraction massive et de manipulation populaire ? Est-il devenu, à l’instar de la religion pour Marx, une drogue douce qui endort la conscience citoyenne et détourne les peuples de leurs responsabilités civiques et politiques ?
Le football, par son universalité, sa simplicité et sa charge émotionnelle, est sans doute le sport le plus populaire au monde. Il suscite des passions, forge des identités nationales, et rythme la vie de millions de personnes. Mais ce que l’on célèbre comme une fête du sport cache parfois une réalité plus sombre.
À travers les grandes compétitions (Coupes du monde, Ligues des champions, derbys nationaux), les foules vibrent, pleurent et exultent. Pendant ce temps, dans l’ombre des projecteurs, les politiques impopulaires passent, les crises économiques s’aggravent, et les injustices sociales s’accentuent.
On applaudit un but pendant que l’on détourne le regard d’un licenciement collectif. On débat des performances d’un attaquant tout en oubliant de voter ou de manifester.
Les puissances économiques et les États l’ont bien compris : le football est un calmant social. Il remplit les stades et vide les rues. Il offre une illusion de victoire, un exutoire de frustration, et une communauté fictive qui, en réalité, affaiblit la solidarité politique réelle.
Certains régimes autoritaires en font même un outil stratégique pour maintenir l’ordre. Un match bien programmé vaut parfois plus que des forces de répression pour contrôler une population agitée.
Les joueurs, quant à eux, sont érigés en idoles. On leur pardonne tout : excès, fraudes fiscales, silences complices. Leur image médiatisée devient un modèle de réussite basé sur la célébrité et l’argent, souvent en contradiction avec les valeurs d’effort collectif, de justice et de réflexion critique.
Le football, loin d’être un simple jeu, est devenu un opium moderne, une religion laïque aux effets anesthésiants. Comme Marx l’a vu pour la religion, je le vois aujourd’hui pour ce sport : il endort les consciences, détourne des véritables enjeux, et sert, trop souvent, les intérêts de ceux qui souhaitent un peuple passionné, mais passif.
Ce constat n’appelle pas à rejeter le football, mais à en reprendre le contrôle, à réconcilier passion et conscience, et à faire de ce sport un terrain d’éveil, non d’oubli.