SOS librairies:45 librairies pour près de 38 millions d’habitants.
En toutes lettres–
En 2021, l’Association des librairies indépendantes du Maroc (ALIM) a fait une cartographie de la profession en vue d’accompagner la professionnalisation du métier. Elle n’avait, compte tenu de la fragilité du secteur au Maroc, retenu que 11 critères (contre 18 en Belgique et 23 en France) : une activité d’au moins deux exercices comptables, une structure légale, un magasin physique d’au moins 50m2, une activité principale réservée à la vente de livres neufs au détail, un assortiment diversifié et choisi de façon autonome, un quota d’au moins 200 titres d’auteurs marocains, une participation à la vie culturelle par des animations, une capacité de conseil, la formation continue du personnel, l’appartenance à des associations professionnelles, une éthique respectueuse de la propriété intellectuelle et des réglementations en matière de prix et de remises. Sur les 87 librairies à qui a été soumis le questionnaire et qui ont été visitées dans le cadre de cette enquête, seules 45 répondaient à ces critères.
En novembre dernier, l’ALIM a lancé sa plateforme Librairies du Maroc, pour mutualiser les fonds des librairies et permettre aux lecteurs de savoir où se trouve près de chez eux les livres qu’ils cherchent. Seulement 11 librairies ont pu s’équiper pour l’instant de sorte à faire remonter leurs stocks.
Les dysfonctionnements structurels du secteur, gangrené par l’absence de régulation des remises qui favorise les distributeurs au détriment des librairies, et par les pratiques de vente directe, sont une menace directe pour ce réseau déjà très fragilisé. Ainsi, constate l’ALIM, la commande publique, essentielle à la survie des librairies, ne bénéficie qu’à 4 % d’entre elles.
Enfin, malgré les dispositifs juridiques existants, rien n’est fait pour lutter contre le piratage endémique qui dévalorise non seulement le livre mais aussi tout le travail intellectuel.
Nous, éditeurs indépendants, en ressentons directement les conséquences, puisque nos librairies prennent moins d’exemplaires en dépôt, rechignent à s’engager sur des achats fermes, mettent beaucoup plus de temps à payer les factures. Et surtout nous font part de leur découragement.
Il est temps d’avoir une discussion franche sur la manière de faire parvenir les livres aux lecteurs. Voici un des débats à ouvrir aujourd’hui, puisque Rabat se prépare à devenir Capitale mondiale du livre en 2026