On imagine mal un touriste averti, Marocain ou étranger, se rendre à la petite ville balnéaire El Jadida sans visiter sa cité portugaise avec ses remparts mais aussi et surtout sa splendide citerne, une salle d’armes avant d’être utilisée comme réserve d’eau de pluie d’une architecture singulière datant de la présence portugaise (1502-1769).

C’est comme se rendre à Marrakech sans prendre le plaisir de visiter Place Jamâa Lafna.

Or il se trouve que cette belle bâtisse est tout simplement fermée et ce peu avant la pandémie. Autrement dit, bientôt cinq années !

On a avancé comme motif de cette fermeture le constat de fissures au niveau du plafond.

Pour rappel, cet espace chargé d’histoire a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial par l’Unesco le 30 Juin 2004. Une occasion de rendre hommage à celles et à ceux qui ont œuvré pour cette distinction tant espérée et voulue.

D’ailleurs on fête ce jour, dimanche 30 Juin 2024 le vingtième anniversaire de cet évènement.

On a assisté depuis à l’acquisition de biens immobiliers aussi bien parmi des Marocains que des étrangers, amoureux du tourisme culturel, pour les ériger, après réhabilitation onéreuse, en maison d’hôtes, riads, hôtels de charme, cafés littéraires ou autres.

Le coup de massue de cette conjoncture périlleuse est supporté par les bazaristes qui ont vu depuis la fermeture leurs chiffres d’affaires se réduire comme une peau de chagrin.

Les tenants et les propriétaires de ces maisons d’hôtes cherchent à les céder. Les plus optimistes parmi eux les ont mis en veilleuse en attendant des jours meilleurs.

L’un d’entre eux nous a fait savoir qu’ils n’arrivent pas à couvrir les charges fixes : loyer, consommation d’eau et d’électricité, téléphone, salaires des employés, impôts et taxes locales.

Ceci sans parler de ceux qui ont des crédits bancaires à honorer.

A bon entendeur.

Brahim EL KALII

Président de l’association

« Espace-Débat pour la Culture et le Patrimoine »