Un Pain Pas Comme Les Autres
Hajja Fatima alias Al Marrakchiyya, étant originaire de la ville de Marrakech, âgée aujourd’hui de 85 ans,
est une femme entrepreneure qui
force le respect. Elle est très connue dans la ville d’El Jadida et ses
environs
pour avoir initier et perpétuer la préparation et la commercialisation du pain
de « Mahrach », un pain « bio » à base d’orge.
Sa fille Hajja Naima me raconte que ses parents ont atterri à El Jadida courant
l’année 1958 avec leurs deux filles, cette dernière et Chrifa, sa défunte sœur.
La ville qui a fasciné son feu père. Ce dernier faisait des transactions
commerciales
avec les Doukkalis en faisant des aller-retours entre les deux villes.
Sa maman avait beaucoup de mal pour s’adapter à sa nouvelle vie dans la
capitale des Doukkala. « Oummi » Al Marrakchiyya a commencé à
commercialiser du pain complet la même année, une activité dont elle ne
connaissait pratiquement rien, mais elle a répondu, toujours d’après sa fille,
à une « incitation » des suites d’un rêve. Courant l’année 1972, elle
abandonne le commerce du pain fait du blé au profit du pain à base d’orge.
Chaque jour, elle propose son pain à l’entrée du Kissariat Tazi en face de la
Cité Portugaise. Ses fidèles clients, toutes classes sociales confondues,
» se disputent » son pain depuis toujours. Elle rate rarement son
rendez-vous quotidien à l’exception des jours des fêtes religieuses. Avec le
temps, cette activité commerciale modeste et peu rentable s’est ancrée dans son
esprit comme étant une obligation morale vis-à-vis de ses clients. Fatiguée par
le poids de l’âge et de longues années de labeur, “Oummi” Marakchiyya a remis
le flambeau à sa fille Hajja Naima aussi sympathique que sa maman et fidèle à
cette activité. Toute une équipe orchestrée par cette dernière travaille
quotidiennement et d’arache pied pour que ce pain garde ses
délices d’antan et soit à la disposition de ses demandeurs à l’heure
c’est-à-dire juste après la prière de L3aser. Il faudrait saluer au passage les
jeunes qui composent cette équipe: Layachi, frère cadet de Hajja Naima, Moumen
et son épouse et Bouchaib qui s’occupe de la cuisson. Ce pain tient son bon
goût, en plus de ses composantes, du fait qu’il est cuit dans un four
traditionnel de la cité portugaise utilisant le bois d’eucalyptus. En
m’entretenant avec Hajja Naima, il m’a été donné de constater que des
clients viennent s’approvisionner du Centre Balnéaire Sidi Bouzid et d’autres
quartiers périphériques de la ville. Et si I’on songeait un jour à inscrire ce
pain sur la liste du patrimoine gastronomique immatériel à l’instar de ce qui a
été fait pour le couscous