Recueil de nouvelles « Le voleur de bijoux »

Par M’barek BIDAKI
L’écrivain et romancier Habib Daim Rabbi, déjà connu par plusieurs publications en littérature et bibliographie, vient de publier, en ce mois de décembre 2020, un nouveau recueil de nouvelles en langue arabe intitulé « Le voleur de bijoux ». Ce nouveau recueil paru au Maroc, en petit format de 122 pages, est un ensemble de textes courts racontés dans un style maîtrisé, simple et significatif.
On trouve dans ce recueil plein d’humour et de dérision une panoplie d’histoires dramatiques du genre « Taxi Driver » et « Coup de chance » ou des blagues et anecdotes comme « La marmite » ou « Khardoula ». Dans l’ensemble, on pourrait dire que le lecteur lira ce recueil avec le sourire aux lèvres du début jusqu’à la fin.
Les faits et scènes décrits se passent dans divers endroits mais principalement dans la localité de sidi Bennour, lieu de vie familiale de l’auteur. La narration aussi est variée et se fait souvent en arabe dialectal pour rester plus proche des personnages. L’autre astuce de l’auteur pour capter l’intérêt du lecteur tient au fait que l’auteur utilise des expressions humoristiques comme dans la nouvelle « Un rêve qui se réalise » où le nouvelliste parle du protagoniste qui « quand il s’est rasé le visage en entier était devenu tel un mouton avec des cornes ». D’autres nouvelles sont explicites dès le titre comme celle intitulée « Le prix » où deux amoureux ont dû payer le prix fort pour simplement s’allonger côte à côte prés d’un fleuve.
Mais dans l’ensemble, le lecteur sera confronté à deux niveaux de lecture de ce recueil : soit la lecture rapide et simple, soit la lecture critique et plus profonde. Ainsi chaque nouvelle est tel un iceberg où la face cachée sous l’eau est plus importante que le côté apparent. Pour donner un exemple concret, je pense à la nouvelle intitulée en arabe « Samidoune ». A la première lecture nous sommes tentés par la traduction immédiate « Résistants », mais en analysant la nouvelle l’on comprend bien qu’il n’y a rien de noble dans le comportement des protagonistes : des bras-cassés qui se sont habitués aux commérages. Et c’est donc le mot « Persistants » qui convient le mieux. Dans cette nouvelle polysémique, on est devant un groupe de personnes décidées à ne pas changer coûte que coûte et à rester cantonnées dans leurs mauvaises habitudes. Les années passent mais eux persistent à ne rien faire de positif. De retour d’Europe où ils ont fait carrière, des amis à eux qui les côtoyaient par le passé, les ont trouvés, après une décennie d’absence, toujours cantonnés dans leur coin dans un bar misérable, continuant à se saouler et à véhiculer leurs critiques et racontars.
Cette nouvelle contribution de l’auteur Habib Daim Rabbi mérite une lecture plus approfondie de la part des critiques littéraires car elle ajoute un nouveau jalon dans le domaine de la littérature marocaine.