Décès du thérapeute Mony Elkaïm fils de la jdidie Esther Znaty

Par Mustapha Jmahri
Mony Elkaïm, l’un des principaux thérapeutes du XXème siècle est mort à Bruxelles le 20 novembre 2020, à l’âge de 79 ans. Il fut un thérapeute internationalement reconnu, dans le champ de la santé mentale.
Natif de Marrakech en 1941, son père David Elkaïm, est un important homme d’affaires de Marrakech, spécialisé dans le commerce des dattes, alors que sa mère est la jdidie Esther Znaty. Dans sa jeunesse, Mony Elkaïm passait ses vacances d’été chez ses grands parents, les Znaty, domicilié au boulevard Moulay Abdelhafid à El Jadida. Sa mère est enterrée dans cette ville où elle a vécu longuement après le décés de son mari. Lorsque sa tante, Fortunée Znaty, résida à Casablanca, à la fin des années 90, il se rendait fréquemment auprès d’elle.
Elkaïm a fait ses études de neuropsychiatrie à l’Université libre de Bruxelles et à Paris. Dans la capitale française, il bénéficia de l’enseignement du philosophe Emmanuel Levinas qui le sensibilisa, comme le fera plus tard le psychiatre Henri Baruk, à l’éthique et au sens de la responsabilité. En mai 1968, il fut l’une des voix du mouvement de l’Assemblée libre au sein de l’université. L’année suivante, il coordonna, avec le soutien de Jean-Paul Sartre, les comités Israël-Palestine qui prônaient la solution de « Deux états pour deux peuples ».
Psychothérapeute célèbre, Elkaïm a apporté à la science l’examen des problèmes des individus en corrélation avec les membres de la famille qui entourent le patient. Il séjourna au début des années 70 à l’Albert-Einstein College of Medicine aux Etats-Unis, où il pratiqua une psychiatrie sociale et communautaire avec des familles marginalisées. Son expérience aux USA fera date : soulignons qu’il dirigea un centre de santé mentale dans le quartier du Bronx à New York. C’est dans le Bronx qu’il lance une école de thérapie familiale pour former des professionnels de santé qui allaient intervenir dans des situations de ghetto urbain.
Revenu en Belgique, Mony Elkaïm adhéra au courant de l’antipsychiatrie et, avec l’appui de La Gerbe, l’un des premiers centres de santé mentale bruxellois où il poursuivit une pratique de psychiatrie communautaire, il organisa en 1975 une rencontre internationale sur le thème de «l’alternative au secteur psychiatrique». Elkaïm devint alors coordinateur d‘un réseau international qui explorait les solutions alternatives dans le champ de la santé mentale.
Parallèlement à ces interventions, Mony Elkaïm développa une pratique thérapeutique de couple et de famille ainsi qu’une activité de formateur en thérapie familiale. En 1979, il créa l’Institut d’études de la famille et des systèmes humains à Bruxelles. Avec ses collègues de l’Institut, comme Jacques Pluymaekers, Edith Goldbeter, Geneviève Platteau et Alain Marteaux, il organisa en 1981 le premier congrès international de thérapie familiale en Europe,
En 1990, ce thérapeute fonda l’Association européenne de thérapie familiale qu’il présidera pendant une dizaine d’années, avant de présider la chambre des instituts de formation. Il intervint dans de multiples réunions et formations dans le monde et fut l’un des rares thérapeutes européens à être reconnu par l’Association américaine de thérapie de couple et de famille pour faire des supervisions aux Etats-Unis.
Mony Elkaïm est l’auteur de plusieurs productions : entretiens, colloques, conférences et livres. Parmi ses ouvrages, citons : « Si tu m’aimes, ne m’aime pas », « Entre résilience et résonance » avec Brys Cyrulnik, « Où es-tu quand je te parle ? », « Vivre en couple : plaidoyer pour une stratégie du pire », « Panorama des thérapies familiales » et « Comment survivre à sa propre famille ».
jmahrim@yahoo.fr