Par M’barek Bidaki

 « Sidi Bennour et sa région. Homme, histoire et environnement » est le titre du livre-guide publié en 2006 par l’écrivain Habib Daim Rabbi. Membre de l’Union des Ecrivains du Maroc, Habib Daim Rabbi, détenteur d’un doctorat es-Lettres en langue arabe de l’université Mohammed V, a, à son actif, plusieurs études et recherches sur la littérature, la bibliographie, la critique littéraire et la pédagogie, mais ce livre a une spécificité ; c’est qu’il se focalise sur l’entourage immédiat de l’écrivain lui-même natif et originaire de la province de sidi Bennour. Ce livre est en quelque sorte sa contribution pour enrichir la connaissance scientifique de son milieu et de celui de ses concitoyens.

Quatorze ans sont passés depuis la parution de cet opuscule de 96 pages mais beaucoup de lecteurs à sidi Bennour, comme ailleurs au Maroc, ignorent son existence. Cela n’étonne plus personne car la lecture du livre au Maroc est devenue une chose de plus en plus rare. Il ne faut pas prétendre que ce livre est passé inaperçu alors qu’il est vendu localement en librairie ; je dirai plutôt qu’il s’agit d’un manque de motivation de la part d’une majorité de lecteurs submergés par les réseaux sociaux.

Cet ouvrage prend la ville de sidi Bennour et ses environs pour objet d’étude et fait de l’homme et de son cadre de vie son point de départ et son aboutissement. Bien que limité en pages, cette entreprise n’a pas été de tout repos car il s’agit d’un travail sorti du néant où l’auteur a collecté un maximum de données sur la ville du moment qu’il n’existait pas auparavant d’ouvrages similaires sur cette région. Le travail a été réalisé malgré maints obstacles qui se dressent devant le chercheur, notamment l’absence d’archives, l’éparpillement des quelques informations sur la cité et ses gens et le peu d’enthousiasme affiché par quelques détenteurs de documents qui n’acceptent pas le partage.

Habib Daim Rabbi travaille sur la mémoire de la cité de sidi Bennour depuis plusieurs années. Chaque fois, il choisit une forme pour en parler : roman, nouvelle, étude ou livre-guide comme dans le cas présent. Ici l’imagination n’a pas de place car il s’agit d’écrits se fondant sur des documents, des témoignages ou les visites de terrain. C’est d’ailleurs de là que vient la difficulté quand il s’agit d’écrire sur l’environnement immédiat. Comme Brahim Kridia et son travail sur Safi, Ahmed Laayouni sur celle de Mzab, Mustapha Jmahri sur El-Jadida, Omar Lakhdar sur Essaouira, Abdelbasset Lakrari sur Settat, et le docteur Mohammed Mouhib sur Midelt, Habib Daim Rabbi a senti le devoir impérieux de laisser sa trace parmi ces chercheurs motivés.

C’est là, à mon avis, un champ presque inexploré, toujours lacunaire et incomplet, malgré les efforts déployés par les soldats de la mémoire. Il faut dire, qu’en somme, les chercheurs dans ce domaine au Maroc rendent service à la Nation en sauvant un pan de notre histoire locale et de la vie passée dans les différentes contrées du pays.

Je souhaite finir cet article par une proposition : que les écoles et les collèges reprennent l’enseignement de la matière dite « Le fait local » qui était dispensée en arabe il y a quelques années. Il est temps de réhabiliter cette matière au profit de la génération montante pour qu’elle connaisse les richesses matérielles et immatérielles des régions de leur pays.