Après les diverses « transhumances » d’avant la trêve estivale qui nous menèrent en différents lieux, les habitués des « Rencontres » retrouvaient le cadre feutré de la médiathèque Driss-Chraïbi. Une assistance très fournie où, fait moins habituel, l’on notait l’assistance de quelques retraités français résidant à El Jadida, se pressait dans la salle, le thème de la rencontre n’étant sans doute pas étranger à cette présence : l’extrémisme religieux.
Et, de fait, on perçoit, dans la communauté étrangère des signes d’inquiétude ou d’interrogation sur un phénomène d’actualité dont Hicham Houdaïfa, journaliste d’investigation, a dressé le portrait dans son livre « Extrémisme religieux, plongée dans les milieux radicaux au Maroc« .
Hicham n’est pas un inconnu dans la maison… Il était venu parler d’un autre sujet brûlant au Maroc sur la condition des femmes « Dos de femme, dos de mulet, les oubliées du Maroc« .
Damien Heurtebise, le directeur de l’Institut, ne manqua pas de souligner l’esprit d’indépendance de Hicham Houdaïfa, rappelant sa carrière journalistique au « Journal hebdomadaire« , hier, et à « la vie économique« , aujourd’hui. Ses enquêtes, traitées avec rigueur, tendent à comprendre la réalité de la société marocaine.
Abdelali Errehouni, tout en soulignant lui aussi l’esprit d’indépendance du journaliste, lui trouve en Albert Londres une filiation dans des enquêtes qui ne portent « ni analyse, ni jugement ».
Hicham Houdaïfa décrit l’état d’esprit qui l’anime lorsqu’il enquête. Sa matière de prédilection consiste à « travailler sur les sans voix ». Dans « Extrémisme religieux, plongée dans les milieux radicaux au Maroc« , il s’immerge au coeur du salafisme wahhabite en menant son enquête dans différents milieux et montrant comment son influence a gangrené les esprits et la société dans un véritable tsunami : l’école, l’université, les quartiers populaire… comment le terrorisme s’est développé dans ces terreaux… les causes de la montée du radicalisme religieux qui poussent des marocains vers le jihad .
Le tableau dressé semble bien noir. Pourtant l’auteur reste optimiste et voit des signes, encore faibles certes, d’une conscience qui naît et qui ne demande qu’à prospérer : la protestation à l’égard du code de la famille (la moudawana) dans sa première mouture et qui a entraîné une déferlante de 1 million de pétitionnaires, a fait reculer le pouvoir ; une encore timide liberté de la presse et de la pensée… Des espoirs, des combats qui doivent encore s’amplifier…
« Extrémisme religieux, plongée dans les milieux radicaux« , un livre à découvrir à la Librairie de Paris au prix de 65 dirhams.