Après l’étape du mardi 11 avril qui a fait beaucoup de mal aux corps à cause des nombreuses aspérités du terrain qui alternait entre crêtes abruptes, crevasses, sentiers caillouteux et passes sablonneuses, les coureurs se sont lancés mercredi à l’attaque du parcours emblématique, la 4^e étape, qu’on appelle aussi la longue. En effet, cette étape a toujours été la plus longue dans l’histoire du Marathon des Sables. Celle de cette 32^e édition, qui fait 86,2 km, a été disputée entre les localités de Nord El Maharch et Jebel El Mraier, dans la province de Tinghir.

Et comme on pouvait s’y attendre, c’est le Marocain Rachid El Morabity qui s’est imposé lors de cette étape qu’il a parcourue en 8h 16 min 14 sec. Avec cette nouvelle victoire et alors qu’il ne reste plus qu’une étape chronométrée de 42,2 km à parcourir, El Morabity s’approche inexorablement de son cinquième titre au Marathon des Sables, ce qui lui permettra d’égaler Mohamed Ahansal.

Il compte environ 23 min d’avance sur le second au classement général au terme des quatre premières étapes.

El Mouaziz abandonne, Evans impressionne   

Cette étape a été marquée par deux autres faits marquants. Le premier concerne Abdelaziz El Mouaziz. Le Marocain a été contraint de jeter l’éponge à une vingtaine de kilomètres de la ligne d’arrivée, pour raison médicale, alors qu’il occupait jusque-là la deuxième place au classement général !

L’autre fait du jour est à mettre à l’actif de Thomas Evans, qui a créé la surprise en se classant 2^e à l’issue de cette 4^e étape (8h 27 min 46 sec), devant Mohamed El Morabity (8h 28 min 33sec). Alors que le Britannique est arrivé frais et souriant, le Marocain était au bout du rouleau et en pleurs.

Présent pour la première fois au Marathon des Sables, Evans fait sensation depuis le début de l’épreuve.

Après sa belle performance et à la faveur de l’abandon du Marocain El Mouaziz, Evans s’est hissé à la troisième place du général, derrière Mohamed El Morabity (2^e). Seulement 5 min d’écart séparent les deux, ce qui promet un duel impitoyable lors de la dernière étape.

Elisabet Barnes en passe de retrouver sa couronne

Chez les femmes, c’est la Française Nathalie Mauclair qui a remporté cette 4^e étape après 9h 39 min 58 sec, suivie par Elisabet Barnes qui a franchi la lignée d’arrivée au bout de 9h 41 min 16 sec, puis par la Brésilienne Fernanda Maciel avec un chrono de 10h 00 min 58 sec.

A une étape de la fin, c’est Elisabet Barnes, sauf en cas de retournement loufouque de situation, qui devrait remporter cette 32^e édition. Elle dispose en effet d’une avance confortable d’environ 23 min sur Mauclair. En cas de victoire finale, la belle Suédoise retrouvera ainsi son titre qu’elle avait acquis en 2015 puis perdu l’année suivante au profit de la Russe Natalia Sedykh, absente cette année.

Quant à Aziza Raji, la seule Marocaine qui pouvait jouer les premiers rôles dans le classement féminin, elle est 6^e au général, à trois marches du podium. Et cela ne devrait pas changer au regard de l’énorme écart qui la sépare des trois premières places.

Abdelaziz Baghazza, un sacré baroudeur !

 Agé de 21 ans et sans emploi, Abdelaziz Baghazza a peut-être trouvé sa voie, le sport d’endurance, auquel il consacre désormais le plus clair de son temps. Pour cela, il a trouvé le mentor idéal : Mohamad Ahansal. C’est ce dernier, en effet, qui l’a repéré lors d’une course de 285 km en six étapes qui se déroulait à Azilal, la région natale de Baghazza. Impressionné par le jeune athlète, le quintuple vainqueur du Marathon des Sables (MDS) lui conseille alors de s’inscrire à ce raid désertique pour se frotter aux « extraterrestres ». « Tu as le potentiel pour y participer et y faire bonne figure », lui lance Ahansal. Et c’était bien vu ! Baghazza participe cette année à son premier MDS, et, depuis le début de cette 32^e édition, il s’est révélé être un impitoyable compétiteur au point même de susciter une certaine méfiance de la part des habitués du podium. Une méfiance d’autant plus justifiée que le concerné ne fait plus aucun mystère de ses ambitions : « Mon objectif est de figurer parmi les trois premiers au classement final », assène-t-il peu avant le départ de l’étape emblématique du Marathon des Sables, en l’occurrence la quatrième. Atteindre ce but ne sera pas du tout une sinécure au vu de la bataille féroce qu’il devra livrer à ses compatriotes Abdelkader El Mouaziz et Mohamed El Morabity, qui, à l’issue des trois premières étapes, occupent respectivement la 2^e et 3^e place au classement général derrière l’intouchable Rachid El Morabity.

L’autre défi que Baghazza devra relever concerne la gestion de la course, qui constitue un aspect fondamental dans une épreuve comme le Marathon des Sables. Heureusement qu’il en est conscient : « A cause de mon inexpérience, j’ai trop tiré sur la corde lors de la deuxième étape et cela a failli m’être préjudiciable. Il faudra donc que je fasse attention à ce paramètre. »

Parviendra-t-il à réaliser son ambition ? On saura la réponse au terme de l’épreuve. Mais, au vu de ce qu’il a réalisé jusqu’ici, son mentor peut d’ores et déjà se rassurer : il a parié sur le bon cheval !

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