Published On: ven, Jan 20th, 2017

Bernard Cazayus sur les traces de son grand-père à Sebt Douib

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Par Mustapha Jmahri (écrivain)

 Le 20 décembre 2016, j’ai eu le plaisir de rencontrer M. Bernard Cazayus et sa famille et de les accompagner à la ferme (azib ben Tolba) où a vécu sa mère Madame Josette Cazayus née Lasserrotte au temps du Protectorat. La ferme se trouve dans la région de souk sebt Douib, sur la route de Had ouled Aissa à une vingtaine de km d’El Jadida (voir photo).

L’histoire de cette famille au Maroc a commencé quand le grand-père Emile Lasserrotte arriva au Maroc en 1924 pour faire son service militaire dans les zouaves. Originaire d’un village près de Pau, il s’était marié à Edith Caffin qui est venue au Maroc à peu près à la même époque pour rejoindre ses parents arrivés en 1912. En effet, Edith a été élevée par sa grand-mère en Ardèche, comme cela se faisait à l’époque.

Les deux parents Caffin s’étaient installés à Azemmour où ils ont exploité une minoterie, puis ont pris des fermes dont celle des Doukkala sur la route de Had ouled Aissa.

Quand ils se sont mariés, les époux Lasserrotte ont d’abord travaillé sur la ferme d’un Européen dans la région de Rabat puis, comme les conditions étaient un peu difficiles, Emile Lasserrotte a eu l’opportunité de travailler pour la compagnie des eaux de Petit-Jean (Sidi Kacem) jusque vers 1935, époque à laquelle le couple Lasserrotte s’est installé sur la ferme des Doukkala où il est resté jusqu’en 1955.

Bernard Cazayus garde encore les souvenirs de sa mère qui a vécu sur cette ferme avant qu’elle obtienne son baccalauréat et qu’elle aille étudier la pharmacie à Bordeaux, en France. La maman évoquait souvent devant son fils Bernard la vie à la ferme « qui était difficile mais heureuse » comme elle disait. Ils vivaient, à l’époque, en autarcie quasi complète au milieu de leurs employés marocains et donc maîtrisaient la langue arabe. Les enfants ne revenaient à la ferme qu’aux vacances.

A la ferme Lasserrotte, la famille pratiquait l’élevage et la culture des céréales peu gourmandes en eau. En effet, l’eau était un souci permanent : il fallait creuser des puits jusqu’à 60 mètres de profondeur et, quand il y avait un problème, il fallait descendre au fond pour le résoudre. Le grand-père avait planté 30 hectares d’eucalyptus pour faire de la verdure mais, une fois la ferme vendue en 1955, les arbres ont été coupés.

Pour la vie de tous les jours, il y avait une petite matmora (trou) dans le sol de la maison pour garder les aliments au frais et un four pour fabriquer le pain une fois par semaine. La ferme a été mécanisée assez tôt (moissonneuse-batteuse) alors que l’électricité était produite par une éolienne de marque Aermotor.

Madame Josette Cazayus-Lasserote est née à Salé en 1932 quand la famille était installée à Sidi Kacem. Elle a vécu avec ses parents dans la ferme des Doukkala jusqu’en 1955. Après ses études universitaires en France, elle exerça comme pharmacienne à Libourne jusqu’à sa retraite en 1993. Elle décéda le 31 août 2016.

Retrouvant la ferme 33 ans après sa dernière visite, Bernard Cazayus été très ému de reconnaître aussi bien le corps d’habitation malgré son changement de couleur et heureux de voir que la ferme continuait à vivre et que les terres étaient toujours en culture.

avec cazayus2

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