HELICICULTURE: L’escargot de Doukkala mis en valeur
Au Maroc, la principale vertu que l’on attribue à l’escargot est en rapport avec son action « thérapeutique » contre les coups de froid, qui nous amènent occasionnellement à nous aiguiller vers le gargotier du coin pour déguster un bol de bouilli bien chaud et fortement assaisonné où flottent quelques coquilles dont le contenu est également assez apprécié en raison de ses qualités nutritives. Il se trouve aussi, que l’Héliciculture ou élevage d’escargot est une activité quasiment étrangère au paysage, et des fois où elle existe quelque part, sa pratique reste très limitée ou principalement artisanale puisqu’il s’avère que la presque totalité du produit qu’offre le marché national, n’est que le fruit du ramassage des escargots à l’état sauvage, que des milliers d’occasionnels s’échinent à récolter pour les écouler à des intermédiaires à des prix bassement dérisoires.
D’après ce constat, on peut conclure qu’on est à mille lieux de l’évaluation réelle des enjeux économiques qui gravitent autour de cette activité et qui se distingue par une valeur ajoutée non négligeable, pouvant assurément représenter un créneau parallèle des plus porteurs en matière de développement humain dans le milieu rural, surtout dans zones défavorisées où le désœuvrement et la pauvreté ne peuvent faire bon ménage. De même qu’on est totalement en déphasage par rapport à nos voisins du Nord qui ont su depuis longtemps comment valoriser cette filière au point d’en faire une solide roue motrice génératrice de richesse que ce soit par le biais des plats les plus raffinés et les mieux équilibrés qu’en matière de produits cosmétiques les plus recherchés.
Les exemples de la France qui consomme jusqu’à 33.000 Tonnes, de l’Italie 30.000 Tonnes ou de l’Espagne 8800 Tonnes sont très éloquents et peuvent constituer une référence à même de nous donner ne serait qu’une idée superficielle sur la face cachée de cette activité qui peut drainer des bénéfices substantiels, au cas où on lui accorde une attention particulière par la sensibilisation et la formation des citoyens concernés pour les inciter à s’adapter aux techniques modernes et modalités scientifiques et professionnelles de ce secteur d’élevage livré à l’anarchie la plus totale.
Aussi, c’est dans cette optique là que la DRA (Direction régionale d’agriculture) d’El Jadida vient de lancer un projet pilote d’Héliciculture et ce, dans le cadre du Pilier II relevant de la nouvelle stratégie du Plan Maroc Vert, qui prévoit un accompagnement solidaire de la petite agriculture, avec comme principaux objectifs la lutte contre la pauvreté par le biais de la modernisation et le développement des sources alternatives de revenu.
Selon le chef de ce projet, M. Agountaf El Arabi, Docteur vétérinaire relevant de la DRA «Le projet en question qui cible une frange de la population rurale d’Ouled Amrane dans la Province de Sidi Bennour, s’étalera sur trois ans. Sa première phase qui a été lancée en 2015 au bénéfice de deux associations est déjà opérationnelle et l’on estime que sa production saisonnière est de l’ordre de 20T/1000m2. Pour compléter notre vision des choses, quatre autres associations sont prévues dans le programme, à raison de deux associations par an. Au total, ce sont une soixantaine de personnes, dont la majorité est constituée de femmes qui auront ainsi le privilège d’inaugurer l’aboutissement de ce projet pilote au niveau National, initié par le Ministère de l’Agriculture dans le cadre du Plan Maroc vert ».
Dans ce processus, la mission du Dr Agountaf est d’accompagner l’évolution des différentes étapes du projet par l’encadrement des personnes concernées que ce soit en matière de cycles de formation théorique que dans le domaine pratique sur le terrain.
Cette initiative de la part du Ministère d’Agriculture, souligne le chef du projet, s’assigne comme objectif, l’encouragement des petits agriculteurs et surtout la femme rurale, d’où son engagement à assurer le financement de tout le matériel nécessaire au bon fonctionnement de ce nouveau modèle d’élevage dont on peut citer : les serres, les pompes à eau, un groupe électrogène ainsi le système de drainage. En plus de cela, le Ministère s’engage aussi à créer pour ces associations une unité de commercialisation pour les aider à écouler leur production dans de meilleures conditions.
Notons enfin, que les variétés d’escargots mis en culture par ces associations sont le grand gris, le petit gris, la mourguette et l’escargot de jardin.
Chahid Ahmed