hooliganisme: Quand le football tue
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
VICTOR HUGO
Je ne sais si la poésie et particulièrement celle-là qu’on nous a enseignée à l’école et dont l’auteur n’est autre que l’immense Victor Hugo, nous permettra ou non de noyer notre chagrin d’avoir perdu un enfant de 14 ans. Et un deuxième en pleine fleur de l’âge, la vie à peine entamée à 21 ans!
Le soldat anonyme, être en chair et en os tiré au sort, est la propriété de tous et on peut, en l’espèce parler d’enfant collectif.
En tenant compte, bien sûr du chagrin insatiable de la maman, des mamans subitement privées de l’amour porté à leur enfant. Devenu le nôtre par solidarité.
La mère chez Gorki, chez Roland Barthes et Al Khansaâ que je covie en ces moments pénibles, à cet autre deuil.
Deuil éternel car on pleure même aujourd’hui avec Al Khansaâ ou plutôt on la pleure, Al Khansaâ!
Tayeb Saddiki aimait à répéter: « On ne pleure pas le mort, on pleure sa mort! ».
Et bien soit, c’est une partie de nous-mêmes qu’on nous a arrachée pour nous réduire tous, la collectivité du football, en zombies!
A quoi bon continuer à parler, le silence ne préfigurerait-il pas une meilleure posture que celle de se donner bonne conscience?
Je sais, je sais…On va réclamer que justice soit faite, qu’on applique rigoureusement le code pénal, la loi privative de liberté, les sièges numérotés, les tourniquets, les toilettes, eh oui les chiottes, les tickets, la CIN, l’âge…
Tout cela pour endiguer la violence dans les stades, pour se débarrasser du public des stades qui fonctionne désormais comme une tribu, des tribus antagonistes destinées à guerroyer pour l’éternité!
Porter un capuchon pour se cacher le visage, leurrer la norme ou s’exposer torse nu, n’est-ce pas là un jeu de pouvoir machiavélique où on tente d’asseoir sa domination, dans un stade, où on implore le sacrifice, le sien.
Écoutez, tendez l’oreille ces chants dont on décortique rarement le sens sont violents, réclament la mort et cachent des choses terribles et dangereuses.
D’abord et surtout pour ces gamins qui tombent tout en réclamant le Pardon des parents!
Dur à assumer, le Pardon surtout quand on fait semblant de les avoir compris, les enfants non accompagnés.
Des numéros, des chiffres sans coeur!
Je vous disais qu’il suffisait de mettre des tourniquets, des WC, des places assises numérotées, des stadiers, des hôtesses, des resto, des stars, des guichets…
Le poème de notre immense poète VICTOR HUGO, comme nous l’avons appris à l’école primaire française, nous aussi, exprime le chagrin incommensurable de ces parents qui perdent un second fils, si j’ai bien compris, pour avoir assisté à un jeu, un sport de ballon;
Je leur présente toutes mes condoléances et j’encourage les clubs de sport à lutter dès maintenant et de façon très sévère à « trier » et encadrer les clubs de supporters pour qui le sport n’est qu’un prétexte à la bagarre.