Abdellah Dibaji entre Traits et Retraits
Avec sa prochaine grande exposition qui se déroulera sur presque deux mois, du 2 mars au 30 avril 2016, à la villa des arts à Rabat, l’artiste-peintre Abdellah Dibaji entame une énième phase de réflexion qui se veut profonde sur l’art et la société d’aujourd’hui.
Lui qui a fait des études académiques dans le domaine de l’art en Belgique, qui a été professeur et inspecteur d’éducation artistique pendant plusieurs années au sein de l’Education nationale avant sa retraite, qui a organisé plus d’une vingtaine d’expositions personnelles et une quarantaine d’expositions collectives, qui a reçu de nombreux prix au Maroc et à l’étranger, entame, avec cette nouvelle exposition baptisée « Traits et Retraits », une nouvelle ère de réflexion sur ce que pourrait être l’art et la société citadine.
En effet, à travers une cinquantaine de tableaux, on peut prétendre qu’il ne s’agit pas d’une seule mais de trois expositions à la fois car les thèmes sont différents d’une salle à l’autre puisque l’architecture de la Villa des Arts abritant les œuvres permet et facilite de concevoir ainsi cette exposition.
Le thème principal reste le paysage citadin représenté abstraitement dans des tableaux d’assez grandes dimensions qui reflètent la présence de la foule, peinte en couleur marron, et qui rappelle, en quelque sorte, la vieille cité marocaine.
A côté de ces tableaux sublimant le thème central, l’artiste-peintre a ouvert d’autres brèches ou parenthèses, selon sa propre expression, afin de permettre au visiteur d’effectuer un voyage, sur place, pour découvrir d’autres préoccupations et d’autres aspects de la beauté picturale. Ces brèches sont matériellement représentées soit par des tableaux réalisées selon la technique du collage et du décollage soit par un autre genre de tableaux évoquant une vision soufie. Le support de ces derniers, de la toile brute, se suffit d’un minimum de couleur ce qui se rapproche justement de cette philosophie de soufisme.
Dans tous ses travaux, Abdellah Dibaji ne verse pas dans la facilité. C’est la raison pour laquelle il laisse mûrir sa recherche et ne s’y lance que lorsque sa « main » se sent prête. Cette remarque a été d’ailleurs perçue auparavant, en août 2014, par le critique d’art Hassan Bourquia qui a souligné que « cette main n’est pas simple outil mais elle est plutôt cette chair vivante qui sert, qui dresse une limite entre lui et ce qu’il n’est pas, une limite physique ».
La particularité de cette nouvelle exposition est sa richesse non pas seulement par le nombre de tableaux mais surtout par la recherche esthétique, la réflexion et la contemporanéité des thèmes abordés avec bonheur par cet artiste surdoué.