Published On: ven, Jan 10th, 2014

Safi:Un événement national Un livre témoin

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Présentation : Ahmed BENHIMAkredya
Auteur : KREDYA IBrahim
Titre :      MESTARI, AL BOUAMRANI et BELKHADIR
Trois signataires safiots du manifeste de l’indépendance
Parution : 2006 à Safi
76 pages, en langue arabe
PPM :       20 DH.

Dans ce livre, le professeur KREDYA a rassemblé et organisé tout ce dont il disposait pour instruire ses interlocuteurs (étudiants et amis), de la façon la plus claire et la plus simple, sur la signification de l’événement que les marocains en général, et les safiots en particulier, commémorent chaque 11 janvier.
Un tel sujet lui a offert en plus, dit-il, une précieuse opportunité de concrétiser son souhait de présenter trois personnalités importantes du mouvement nationaliste de sa ville natale. Il s’agit du faqih   Mohamed AL BOUAMRANI (AL BAAMRANI est l’appellation la plus courante dans mon entourage), du faqih  Abdesslam MESTARI et de Monsieur Mohamed BELKHADIR.

Dans la première partie, on apprend que l’éveil politique et patriotique des habitants de SAFI, qui débouchera sur la signature du manifeste de l’indépendance (11 Janvier 1944) et sur  le soulèvement, au lendemain de la déposition et de l’exil de feu S.M. Mohammed V (20 Août 1953) est le résultat des effets conjugués  de l’ histoire antique, de la civilisation ancienne de la cité de ABDA et d’une longue préparation entreprise par ses savants et ses foqahas  sur les plans pédagogique, culturel, religieux et politique. La seconde partie sera consacrée à la biographie des trois signataires.

Cette préparation a consisté à scolariser les jeunes sur place pour l’enseignement élémentaire, à pousser la formation le plus loin possible, dans les universités de Marrakech ou de Fès ou même du Moyen Orient, pour les plus assidus (1).
Elle a consisté aussi à fonder, dès 1925, un mouvement salafiste/nationaliste secret (2) qui allait entreprendre, par la suite et en concertation avec d’autres groupements à travers le Maroc, d’importantes réformes religieuses. Leur but était de combattre les hérésies  dangereuses et de libérer les esprits des légendes et pratiques ineptes qui foisonnaient dans les « zawayas, notamment,  des Hmadchas et  des Ayssawas ».
Elle a, enfin, consisté à  entreprendre des actions politiques  dont le but était  de préparer la rébellion contre la puissance colonisatrice.
Ce sont là, les éléments  d’un programme éducatif efficient et soigneusement élaboré. Sa mise en pratique, à travers des actions de diverses natures, a été confiée à des « oulamas » et « foqahas » distingués tels le faqih Sidi Mohamed El Haskouri, Cheikh Mohamed Ben Driss Moulay El Haj, le faqih Ahmed Ben Brahim Benhima et d’autres. Tous étaient appuyés, entre autres, par l’éminent Alem, Cheikh Chouaïb Doukkali. Des comptes rendus et rapports étaient régulièrement établis et adressés au Sultan Sidi Mohammed Ben Youssef par le pacha de la ville, fils du grand Visir Mohamed Al Makri. Ce contact constituait une marque de respect et de déférence pour le Commandeur des croyants, il conférait de la légitimité  à leurs travaux et incitait d’autres mouvements à suivre leur exemple.

A la proclamation du dahir berbère, le 16 mai 1930, le mouvement secret s’est mué en mouvement religieux et politique et a reçu deux émissaires de Salé, Saïd Hajji et Saddik Belarbi, dépêchés pour rallier au mécontentement des Salawyines, la population des Assafiwines par la récitation publique et collective « du latif » (imploration de la mansuétude divine).  Le courant que représentait le faqih Mohamed Al Bouaamrani, favorable à la contestation massive et populaire, l’a emporté. Le faqih Kanouni a été chargé d’ouvrir cette récitation dans la grande mosquée. La réaction de l’administration française ne s’est pas fait  attendre. Les faqihs Kanouni et Al Bouaamrani  ont été arrêtés, El Aouni et Al Bouaanani mis en résidence surveillée. Safi est devenue un bastion de résistants et de nationalistes où la confrontation avec la puissance coloniale a pris plusieurs formes (boycotte de marchandises, approbation de réformes, solidarité avec d’autres villes) dont la plus importante a été la signature du manifeste de l’indépendance. Un comité a désigné, parmi les volontaires à la signature qui représentait un acte de courage et de sacrifice aux risques incalculables, AL BOUAAMRANI, MESTARI et BELKHADIR (3). Quant au faqih Al HASKOURI, également volontaire à ce sacrifice, il a été prié par ses compagnons  de s’abstenir pour poursuivre son œuvre éducative indispensable à cette période cruciale de l’histoire de Safi et du pays tout entier. L’entreprise pédagogique s’éteindrait s’il venait à être arrêté ou exilé ou même exécuté.
Impressions personnelles :

Au terme de cette présentation succincte, je demanderais l’autorisation de l’auteur pour livrer   quelques confidences et quelques impressions :
–       La lecture de cette œuvre m’a appris beaucoup sur l’histoire de mon pays et de ma ville natale. J’en suis fier, j’en suis reconnaissant à l’auteur.
–       Je découvre que l’existence de SAFI remonte très loin dans l’histoire et que ses fils (Oulamas, fouqahas et notables) ont fait le meilleur pour la patrie et la terre natale,  dans la crainte de Dieu, dans le respect du devoir, dans la fidélité au Commandeur des croyants, avec méthode et application. Puisse Dieu les accueillir dans Son vaste paradis et dans Sa sainte miséricorde.
Aujourd’hui, on ne perçoit pas de marque de reconnaissance à la hauteur de leurs sacrifices.  Les principales avenues, les principaux établissements doivent porter leurs noms pour pérenniser leur souvenir. Des associations culturelles locales doivent  commémorer, à travers des manifestations culturelles et des projets sociaux, leurs noms et leurs travaux.
–       Et Safi, pourquoi  est-elle si frappée par l’oubli et par la négligence ? Quel devoir n’a-t-elle pas accompli ? A quel appel n’a-t-elle pas répondu ?
Enfin, Puisse Dieu accorer longue vie et bonne santé au professeur Ibrahim KREDYA.
–       Puisse, Le Très Haut, réserver à Safi, la chère, la protégée un avenir radieux,. Celui justement qu’elle mérite.
Ahmed BENHIMA
Fait à El Jadida le : 23 juin 2013
Notes :
(1)     :Le  Faquih Mohamed Ben Tayeb El Ouazzani, né à Safi en 1878, membre actif d’une association estudiantine secrète à l’Université Al Karawyine de Fès, le Faquih M’hamed El Alj Benhima, né à Safi en 1902. Il fut compagnon de Allal Al Fassi et  membre de l’association culturelle des étudiants de l’université Al Karawyine de Fès et le Professeur Mohamed Belkhadir, né à Safi en 1920. Il adhéra aux cellules des élèves du collège Moulay Youssef de Rabat  que dirigeait, à l’époque, le grand militant nationaliste Boubker Al Kadiri.
(2)      : Ils ne sont, au début, qu’une poignée de sept ou huit personnes environ :  Mohamed Ben Taïb Al Baamarani (Président), son frère Ahmed Al Baamrani, Mohamed Illane, le qadi et faqih Abdesslam Mestari, le faqih et astrologue Mohamed Ben Taleb Falaki, le faqih et adel Mohamed Ben Belkahia, le chérif Moulay Mohamed Al Bouanani et le faqih Mohamed Al Hasqouri.
(3)     Je référerai les lecteurs au livre pour lire leurs biographies complètes.

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