Phénomène des petites bonnes: Entre l’enfance et la souffrance
By: Albayane |
Il reste toujours quelques traces de l’enfance en toute personne, même après avoir grandi, car l’enfance est pratiquement le seul âge du bonheur. Mais, apparemment, être un enfant n’est pas un acquis selon plusieurs. Parfois l’enfance est victime d’une mentalité irresponsable. Nouzha Skalli, infatigable militante associative, ancienne ministre et députée PPS à la Chambre des représentants revient sur le phénomène des «petites bonnes» dans cette interview accordée à Al Bayane. Al Bayane : Qui protège ces petites filles ? Nouzha Skalli : La persistance du travail des fillettes comme petites bonnes est indigne du Maroc du 21e siècle, un Maroc de la démocratie et des droits humains. La nouvelle Constitution de 2011 oblige l’Etat «d’assurer une égale protection juridique et une égale considération sociale et morale à tous les enfants, abstraction faite de leur situation familiale» et fait de leur enseignement une obligation de la famille et de l’Etat (art 32). Or, ces fillettes sont privées de l’ensemble de leurs droits liés aux droits de l’enfant. Elles sont privées de jeu, de protection, d’affection, d’éducation, parfois de soins et d’alimentation saine. Elles sont par contre exposées aux humiliations, à l’exploitation inhumaine, à toutes les formes de violence allant des coups et de la violence physique en général au harcèlement sexuel et au viol. Autant de souffrances vécues par ces petites filles invisibles, cachées derrière les portes closes des maisons et qui n’apparaissent au grand jour que dans les cas extrêmes, quand on retrouve leurs petits corps meurtris dans les urgences de l’hôpital ou, hélas, quand elles y laissent la vie. Malheureusement, la protection juridique actuelle est insuffisante. Le précédent Conseil de gouvernement avait adopté un projet de loi pénalisant le travail domestique des mineurs et sanctionnant tous les intervenants dans ce phénomène qualifié de trafic d’enfant. Le retard pris par l’actuel gouvernement pour présenter le projet de loi au Parlement est incompréhensible!Quel est le rôle de la justice dans cette affaire ? La protection juridique des fillettes contre ce phénomène est insuffisante en l’absence d’une législation claire interdisant le travail domestique des fillettes. Elle n’intervient hélas que dans les cas d’extrême violence et sanctionne alors la violence contre ces enfants et non pas le fait de les employer.Est-ce que les chiffres sont aussi effrayants que les années précédentes ? Globalement le nombre d’enfants qui travaillent est en régression. D’après les chiffres du HCP, ils étaient 517.000 enfants en 1999, soit 9,7% des enfants de cette tranche, alors qu’en 2009, ils n’étaient plus que 170.000 soit 3,4% des enfants de cet âge. Ces chiffres témoignent d’une dynamique positive. Malgré cela, la fiabilité à l’égard du travail domestique des fillettes est relative à cause du caractère clandestin et informel du travail domestique des fillettes Ces progrès sont dus bien sûr à tous les efforts déployés pour généraliser la scolarisation des enfants et lutter contre la pauvreté et l’abandon scolaire, plus particulièrement dans le cadre du programme d’urgence et de l’INDH. On peut citer notamment «les dars talib et dars talibas» et le programme «tayssir». Quand commence et où s’arrête le rôle des parents ? La pauvreté est-elle une bonne raison pour «vendre» son enfant ? |
Phénomène des petites bonnes
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