À la recherche de l’énergie à tout prix
La consommation de boissons énergisantes a nettement augmenté ces dernières années. Car ces boissons qui clament redonner de l’énergie facilement, attirent beaucoup. Mais il est important de savoir si elles sont sans danger :
Dans le monde, on en compte plus de 500 marques ayant une part considérable dans le marché des boissons. D’autre part, les boissons énergisantes (BE) sont en vente libre sans preuve de leur innocence. Or ces produits approuvés pour donner un regain d’énergie contiennent de la caféine comme principal ingrédient actif et des substances dites stimulantes comme la taurine, le glucuronolactone, le ginseng, l’inositol, et des vitamines du groupe B. De plus, les spécialistes déplorent la surconsommation de ces boissons par les adolescents et les jeunes adultes. D’ailleurs, leur vente est facilitée par leur présentation attirante dans des canettes faciles à l’emploi et portant des noms évocateurs de performances. Ajoutons à cela de la publicité associée destinée à un public jeune, dynamique, sportif… et le tour est joué !
❶Les adolescents courent-ils plus de risque face à ces boissons ?
Que ce soit pour les adultes, les adolescents ou même les enfants, le principal paramètre à prendre en compte, est la quantité de caféine absorbée par jour. Cependant, un adulte est capable de supporter jusqu’à 400 mg/jour de caféine (soit 4 à 5 canettes ou 4 à 5 cafés) alors qu’un adolescent de 10 – 12 ans ne devrait pas dépasser 85 mg/jour et un enfant de 6 ans ne devrait pas aller au-delà de 45 mg/jour. Or, le chocolat, le thé et les boissons gazeuses contiennent déjà des quantités importantes de caféine. Donc, les parents doivent faire très attention à la consommation que font leurs enfants de ces boissons, notamment s’ils constatent chez eux l’un des effets indésirables cités plus haut. Certains médicaments vendus en pharmacie prétendent, eux aussi, donner de l’énergie.
❷Est-ce une bonne idée d’en prendre ?
Petite précision : ce ne sont pas des médicaments au sens strict du terme (ne suivent pas le même processus d’autorisation de mise sur le marché que les médicaments), mais plutôt des compléments alimentaires même s’ils sont vendus en pharmacie. Ceci dit, étant donné qu’il n’y a pas, à l’heure actuelle, de traitement radicalement efficace de l’asthénie (qui est le nom scientifique de la fatigue) ces «fortifiants» constituent la meilleure alternative pour aider les personnes souffrant de fatigue passagère consécutive à une maladie aiguë (exemple : grippe) ou à un changement temporaire des conditions de vie (adaptation à un nouveau travail, arrivée d’un nouveau-né…).
En revanche, si cette fatigue persiste dans le temps, il est préférable de consulter un médecin afin d’éliminer une maladie physique ou psychique (dépression) qui serait à l’origine de cette fatigue.
❸Quels sont les risques encourus avec les médicaments ?
Tout dépend de la composition de ces fortifiants. Mais là encore, s’ils sont pris à dose usuelle (sans abus) il n’y a aucun risque. En revanche en cas d’abus, certaines des plantes contenues dans ces complexes peuvent avoir des effets indésirables :
• Ginseng : gynécomastie (augmentation du volume des seins) chez l’homme, troubles menstruels chez la femme, diarrhées, insomnie, nervosité.
• Guarana et kola : contiennent d’importantes quantités de caféine, donc les effets indésirables potentiels sont les mêmes que ceux cités plus haut.
❹Que conseillez-vous pour se redonner de l’énergie sereinement ?
Tout dépend du motif de manque d’énergie : sommeil, surmenage (professionnel, études, festif, sportif…), dépression, ou simplement le désir d’augmenter ses performances. La première mesure à prendre est de vérifier qu’on ne manque pas de sommeil.
Il faut savoir que l’écrasante majorité des adultes a besoin de 7 heures de sommeil par nuit pour ne pas sentir de la fatigue à cause d’un manque ou d’une «dette» de sommeil. Par conséquent, chacun d’entre nous devrait s’organiser pour préserver sa «dose» de sommeil avant d’avoir recours à des substituts alimentaires.
Attention au médicament miracle !
Les vitamines A, E et de bêta-carotène augmenteraient de 4 à 16% les risques de mortalité. C’est ce que révèle une récente étude danoise. En effet, les conséquences pour la santé publique pourraient s’avérer graves puisque 80 à 120 millions de personnes absorbent régulièrement ces compléments vitaminés dans le monde. Les chercheurs danois déplorent d’ailleurs l’omniprésence de la publicité vantant les vertus de ces vitamines potentiellement dangereuses. Le marché de ces produits est estimé à plus de 5 milliards de dollars notamment aux États-Unis.
Enfin, l’étude souligne que ces compléments ne sont pas soumis aux mêmes études rigoureuses de toxicité que les médicaments et recommande une meilleure compréhension des mécanismes et actions des anti-oxydants en relation avec des maladies potentielles.
le Matin