L’industrie sucrière au Maroc histoire et réalité By:A.Belcadi
Dans le cadre de cette étude, nous allons voir tout d’abord l’histoire de l’industrie sucrière au Maroc et en même temps nous verrons la situation sur le plan national et nous concluons avec l’impact économique de ce type d’activité.
Chaque pays libéré de la domination, aspire à son développement industriel basé sur les matières premières dont ils dispose. Le type d’industrie qui, en premier lieu, entre en considération est généralement l’industrie agricole et alimentaire. Les puissances coloniales n’avaient aucun intérêt à encourager dans ces pays, le développement des cultures industrielles qui pouvaient entrer en concurrence avec leurs intérêts financiers et commerciaux.
C’était le cas en particulier de la production de la betterave et de l’industrie sucrière.
Si vers 1930 l’on a essayé de cultiver la betterave à sucre au Maroc, ce fut purement et simplement à titre d’expérience. On avait développé cette culture sur le plateau de Meknès, à Fès à une échelle relativement peu étendue. On utilisait cette betterave uniquement pour la production d’alcool. Aucun effort n’a été tenté pour la véritable production du sucre au Maroc. C’est à l’époque du protectorat au contraire qu’on a construit les raffineries de Casablanca et de Tétouan, pour travailler le sucre brut, mais il s’agissait de sucre de canne importé de colonie tropicale ou des îles de l’Amérique centrale.
La proclamation de l’indépendance du Maroc en 1956, a suscité un nouvel examen du problème du sucre. Le gouvernement convaincu de la nécessité de diminuer les importations, était bien décidé à entreprendre l’étude de la production du sucre sur place ce qui présente de nombreux avantages économiques, financiers, sociaux, diminution des paiements en devise, création de nouveaux emplois etc
En outre l’Etat peut sur le plan commercial, utiliser des produits non rentables dans leur forme primaire et d’autre part animer les entreprises marocaines auxiliaires.
Cette production présentait également des avantages pour les agriculteurs et particulièrement pour les petits fellahs soucieux d’améliorer leur exploitation.
L’historique des productions : la production du sucre remonte au Maroc à un passé lointain. Déjà au VIIe siècle, les Arabes avaient apporté au pays du Maghreb la culture de la canne à sucre. Cette plante dont la présence au Bengale est attestée déjà au commencement de l’époque historique, était connue depuis longtemps dans l’Asie tropicale. Les Arabes passent maîtres dans le traitement de la canne. Au Maroc, la canne est adaptée parfaitement à la vallée du Souss. Les résultats obtenus dans ce domaine devaient être assez satisfaisants. Il ressort des documents historiques que dans les villes du sud, le sucre était un produit de consommation assez développé. La production sucrière de la vallée de Oued Souss et de la plaine du Haouz, malgré la technique primitive des ateliers, devait être assez importante, puisqu’elle a pu faire la concurrence à l’Egypte. Le rayonnement de la production marocaine était tel que plusieurs cours royales d’Europe figuraient jusqu’au XVIe siècle parmi les principaux clients de notre pays sucre de Marrakech
C’était la Reine Elisabeth d’Angleterre qui exigeait exclusivement le «sucre de Marraech le plus grand épanouissement de la production du sucre de canne au Maroc a eu lieu au XVIème siècle, au temps de la dynastie des Chorfa Saadiens, eux même originaires du Sahara.
Les archéologues trouvent sur les lieux des anciens chantiers de la canne à sucre, des ruines des moulins à canne, de marmites en cuivre et les moules qui formèrent les pains de sucre.
Durant le XVIIIe siècle, la culture de la canne à sucre au Maroc a baissé graduellement en raison de la concurrence organisée par des producteurs de sucre des îles du nouveau monde.
Déjà au XIXème siècle, le Maroc avait cessé d’être noté sur le marché mondial comme producteur et exportateur du sucre. Mais parallèlement les importations du sucre commençaient à s’accroître au fur et à mesure que la consommation du thé prenait de l’importance.
Le Royaume du Maroc indépendant pouvait animer cette tradition séculaire et la transformer en réalité.
Il s’agissait cependant de décider si la matière principale est essentielle devait être consultée par la canne à sucre ou par la betterave sucrière bien plus jeune dans l’histoire, mais de culture plus commode.
Les expériences sur les conditions de la culture de la betterave eurent lieu au temps du protectorat. A partir de l’année 1956, elles furent considérablement intensifiées. Les cultures d’essai entreprises exclusivement à l’origine dans le périmètre du Gharb et sur le plateau de Meknès-Fès furent ensuite expérimentées à une échelle beaucoup plus limitée, dans les périmètres de Tadla, des Triffa et des Abda-Doukkala. Ces essais dirigés par le service de la recherche agronomique, d’après la méthode SOMSUC, ont été dans l’ensemble satisfaisant. Le problème économique : les analyses des conditions ont démontré la supériorité de la culture de la betterave à sucre celle de la canne à sucre. Aussi bien au point de vue agricole qu’au point de vue économique, il fut prouvé qu’il était effectivement plus avantageux de laisser l’industrie sucrière marocaine sur la culture de la betterave et d’installer des sucreries betteravières.
Afin de mieux comprendre cette décision importante, il est utile d’examiner la demande en sucre au Maroc et les possibilités d’y faire face.
En 1961, la population du Maroc atteignait environ 10,8 millions d’habitants. Or l’alimentation de la population marocaine est constituée avant tout de produits contenant des hydrocarbonés, au premier rang desquels se trouve le sucre. C’est ainsi que la consommation du sucre par tête d’habitant est considérable. Elle s’est accrue sensiblement durant ces dernières années. De 14,4 kg par tête d’habitant en 1949, elle dépassait en 1954 la consommation par habitant en Europe centrale, Allemagne, Pologne, Tchécoslovaquie et atteignait 29,5 kg.
En 1958, elle a dépassé celle de la Belgique et de la France avec 34 kg. La consommation totale du sucre au Maroc durant la période de 1949-1961 a atteint 370.000 tonnes, 480.000 tonnes en 1970. Pour faire face à cette consommation élevés, le Maroc était obligé d’importer en supportant ainsi des sorties considérables de devises étrangères, ce qui représentait 10% environ du total des importations du Maroc. Une grande partie était importée sous forme de sucre brut de canne qui était ensuite raffiné dans les raffineries de Casablancaet de Tétouan. Le reste sous forme de pains morceau ou cristaux était importé de France et de Belgique.
La dépense en devises pour l’achat du sucre à l’extérieur, même lorsqu’il ne s’agit que de sucre brut, constituait pour le pays une très lourde charge. Ces devises pouvaient être employées avec plus de profit pour des investissements d’importance tels que : équipement d’irrigation, installation d’entreprises industrielles Modernisation de l’agriculture. Etant donné que rien n’empêchait de baser l’industrie sucrière sur la betterave du pays les autorités du Royaume se sont tout spécialement occupées de ce problème. La question qui se posait était de savoir dans quelles régions du Maroc, outre la polygone betteravière de Sidi Slimane, il allait être possible dans de bonnes conditions d’envisager la culture de cette plante.
périmètre du Tadla (Béni Moussa et Béni Amer) – Périmètre de la basse Moulouya des Triffa et éventuellement de Zèbra-Périmètre du Gharb, dans les parties du Nord et de l’Ouest situées en dehors du Polygone betteravier-périmètre des Abda-Doukkala, particulièrement le secteur de l’Oued Faragh et celui de Sidi Bennour.
Conception et originalité de la sucrerie des Doukkala
La sucrerie a été construite en 1969 pour traiter les betteraves provenant du secteur irrigué du périmètre des Doukkala. Dans la conception originale de cette unité industrielle, on s’est efforcé de tenir compte du contexte climatique social et original propre au périmètre des Doukkala, de minimiser le coût des investissements de créer une usine facile à conduire, dotée de moyens de contrôle et de conduite les plus modernes et surtout élastique et facilement extensible. Ainsi créée pour traiter 200 T/J et produire 25.000 T de sucre brut par an, elle a produit dès sa 2e campagne plus de 30.000 t de sucre brut et annonce déjà à partir de la 3e campagne son programme d’extension. Facteur agricole : l’extension du sucre commence dans les champs. La rentabilité des sucreries se façonnent dans billons. Consciente de l’importance du secteur agricole dans la vie d’une sucrerie et du rôle que les sucreries doivent jouer dans un secteur vital comme celui-ci duquel elles ne peuvent ni ne doivent désintéresser, la sucrerie a entrepris depuis 1969 soit une année avant son démarrage, une politique agricole unique qui ici permet de s’intégrer efficacement dans le secteur de production de la betterave. Cette intégration a permis à la sucrerie de porter une aide efficace à l’O.R.M.V.A.D, pour stimuler la culture de la betterave.
C’est ainsi que le rendement est passé en l’espace de 4 ans de 29 t à plus de 40 t/ha ce qui a pu apporter aux agriculteurs plus de 4000 dh/ha. Facteur humain: le système de gestion des hommes est dépassé, l’avenir dans ce domaine et à l’innovation. L’homme en dehors du travail: l’homme dans le travail doit produire, évoluer et s’épanouir. Mais ce n’est pas tout, il y a l’homme en dehors du travail, un homme qui a besoin de se distraire et de se cultiver. La sucrerie n’a pas omis cet aspect de la gestion des hommes. La preuve en est qu’elle a procédé à la construction d’un ensemble social plusieurs mois avant l’arrivée du personnel aux chantiers, ensembles modernes composés de plusieurs logements et d’un club dotée d’une piscine, d’un restaurant, court de tennis et de volley-ball, discothèques, salle de cinéma et de conférences, d’une garderie d’enfant, d’une école privée.
Ainsi la création de ces deux sucreries Sidi Bennour et Zémamra devaient contribuer à la production agricole des Doukkala et au développement de l’élevage. A l’amélioration de la balance commerciale du pays, à une valorisation plus grande de l’équipement hydraulique du périmètre, au développement de l’industrie nationale, condition indispensable de l’évolution économique du pays.
Formation du personnel : en dehors du système classique de formation du personnel, la sucrerie a adopté au début de sa création la formation du personnel technique pendant une année dans diverses sucreries (gestion et informatique, technologie sucrière, les techniques d’entretien). La sucrerie avait recruté 50 jeunes Bennouris d’un niveau intellectuel sans aucune base technique c’était en 1974.
Ces jeunes devenus techniciens opérationnels, ont été affectés dans les différents secteurs de l’entreprise pour occuper des postes tenus jadis par des techniciens qualifiés. Cette tentative courageuse a été motivée d’une part par le désir de la sucrerie d’intégrer progressivement la jeunesse bennourie dans ce secteur industriel par la même occasion, s’intégrer elle même dans le milieu où elle vit.
Extension de sucrerie : Cosumar investit 800 MDH à l’usine de Sidi Bennour Pour répondre aux besoins d’une demande de sucre en croissance, Cosumar envisage d’investir 800 millions de dirhams pour augmenter sa capacité de traitement de betteraves dans la sucrerie de Sidi Bennour.
Pour Mohamed Lazaar, directeur général de Cosumar : «Ces nouvelles superficies de betteraves vont offrir aux sucreries la possibilité d’exploiter une quantité additionnelle, le projet d’extension à Sidi Bennour va permettre à Cosumar d’augmenter sa capacité de traitement de 12.000 tb/j facilement extensible à 17.000 tb/j». En effet, le projet consiste à concentrer le traitement de la betterave sur le site de Sidi Bennour et maintenir l’activité de conditionnement sur les deux sites à savoir Sidi Bennour et Zmamra
Abdelkader Belcadi