«La préservation de la mémoire de Salé est le devoir de tous»
Moulay Ismail Alaoui. Nous avons effectué ce choix parce que nous considérons que Salé a un vécu très lourd durant les années de plomb. La jeunesse slaouie ayant vécu durant cette période mérite aujourd’hui qu’on accorde plus d’importance à la vie qu’elle a menée. Ceci dit, je ne nie pas le fait que la souffrance de la jeunesse slaouie ait été vécue de la même manière dans d’autres régions du Maroc. En fait, ce qu’il faut retenir, c’est que le but de notre initiative est de bien connaître et comprendre ce qui s’est passé dans cette ville afin de faire en sorte que ce scénario ne se répète plus dans notre pays. Et pour atteindre cet objectif, les jeunes d’aujourd’hui sont appelés à prendre conscience de ce que leurs aînées ont vécu. En effet, les générations montantes devront être plus vigilantes quant à l’importance de la défense des droits de l’Homme.
Quel est donc l’objectif de ce programme ?
L’objectif de ce programme est de réunir des documents et de recueillir des témoignages et des photos dans la perspective de participer à la rédaction d’un ouvrage sur «L’histoire du Maroc présent». Il s’agit d’un ouvrage dédié à l’histoire du Maroc en général et celle de Salé et ses banlieues en particulier.
Dans ce sens, nous comptons mener des recherches sur la période allant de 1958 jusqu’à aujourd’hui. Nous souhaitons réunir assez d’éléments afin de pouvoir réaliser ce projet.
Quel regard portez-vous sur le développement de la ville de Salé ?
Salé est actuellement la deuxième ville peuplée après celle de Casablanca. Cette situation est le fruit d’un exode rural assez important. Je peux dire même que c’est une ville faite de briques à braque dans la mesure où le développement de la ville n’a suivi aucun schéma urbanistique. Une situation qui a provoqué une absence d’une intégration globale. En effet, la ville est composée de plusieurs quartiers juxtaposés qui, à cause de la forte expansion urbaine, se sont jumelés pour former la ville dont le noyau reste l’ancienne médina. L’enjeu aujourd’hui pour un bon développement de la ville est de réussir à créer une sorte d’intégrité et d’unité de ces quartiers.
À votre avis, comment peut-on atteindre cet objectif ?
Cette action nécessite l’adhésion de tous les acteurs, à savoir les autorités territoriales, les élus, la société civile et toutes les bonnes volontés qui se soucient de l’avenir de cette ville.
Il faut souligner dans ce sens, qu’une réflexion est déjà engagée par les autorités concernées pour trouver la bonne formule pour que Salé devienne une ville intégrée au niveau économique et urbanistique. J’estime que cette intégration devra passer par la réforme du transport urbain afin de faciliter la connexion de Salé avec d’autres villes voisines, notamment Rabat, Témara et Skhirat.
Selon vous, est-ce que les efforts consentis par les autorités locales sont suffisants pour préserver la mémoire de cette ville ?
Les efforts consentis pour préserver la mémoire de cette ville ne sont jamais suffisants qu’ils soient ceux des autorités locales, des élus et/ou de la société civile. À mon avis, c’est un travail de longue haleine qui nécessite des efforts continus. Par ailleurs, je pense qu’il faudra développer davantage la vie culturelle et sociale de cette ville.
Quelles sont les mesures à prendre à court terme pour sauvegarder la mémoire de cette ville ?
Pour immatérialiser cette mémoire, il faudra réunir des documents et recueillir des témoignages afin de pouvoir «rédiger» cette mémoire.
Qu’en est-il du patrimoine ?
Nous sommes engagés aussi à préserver le patrimoine culturel de Salé, qu’il soit matériel ou immatériel.
Dans ce sens, nous avons conclu plusieurs partenariats avec d’autres associations de la ville pour pouvoir participer à la préservation de ce patrimoine qui comprend non seulement les murailles et les bastions mais aussi la musique andalouse et le «Malhoune».
Le conseil de la ville a lancé un projet important visant la réhabilitation de l’ancienne médina de Salé. Votre association a-t-elle été impliquée dans ce programme ?
Bien sûr. Notre association a contribué à la création d’un atelier pour la préservation de cette médina et nous sommes d’ailleurs membre de ce dernier. Cela nous permet de suivre de près le travail effectué et de donner notre avis quand il le faut.
Albayane