Published On: ven, Juin 8th, 2012

La fièvre du baccalauréat monte

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Le grand jour approche à grands pas. Les préparations battent leur plein en cette période. Les candidats au baccalauréat ne savent plus où donner de la tête entre trac, stress, révisions et… antisèches.

Si certains profitent de ces derniers jours pour organiser leurs révisions à la maison, d’autres préfèrent se préparer à l’examen en groupe.

Plus que trois jours qui nous séparent des examens du baccalauréat 2012. La tension monte d’un cran pour les jeunes lycéens. Quelque 451 953 candidats s’apprêtent à passer l’épreuve cruciale cette année. «Je révise depuis un mois déjà et j’ai travaillé toute l’année régulièrement, sauf que cela ne veut pas dire que je n’ai pas le trac. Bien au contraire, je stresse énormément, surtout ces derniers jours. C’est quand même le bac, l’épreuve des épreuves et la clé de l’avenir», confie Meriem.

Si certains profitent de ces derniers jours pour organiser leurs révisions à la maison, d’autres préfèrent se préparer à l’examen en groupe. «Cela fait plusieurs jours que nous nous réunissons ici pour réviser. Travailler en groupe est mille fois plus intéressant que de travailler seul dans son coin. En révisant ensemble, nous apprenons énormément de choses, nous nous complétons», indique Mouad dans un glacier à côté du parc Yasmina à Casablanca. Un endroit très apprécié par les jeunes étudiants casaouis. «Chaque année, en cette période, les étudiants viennent en masse pour réviser. Presque toutes les tables sont envahies de cahiers, de livres et de classeurs appartenant à de jeunes lycéens qui préparent l’examen du bac», lance le serveur du café.

Les révisions ne se limitent pas seulement à l’apprentissage des leçons. Pour une bonne partie des candidats, ces derniers jours sont l’occasion idéale pour apporter les ultimes retouches à leurs antisèches ! En effet, pour ces élèves, réussir l’épreuve du baccalauréat est ce qui compte le plus. Tricher ou pas, ce n’est plus important.

Chaque année, le ministère de l’Éducation nationale prend plusieurs mesures pour lutter contre le phénomène. Cependant, cela ne semble pas faire peur aux jeunes candidats. Plusieurs cas de triche sont enregistrés durant les examens, sans compter ceux qui passent inaperçus, et qui représentent la partie cachée de l’iceberg. En effet, avoir recours à la triche pour réussir ses examens ne représente plus une honte. Bien au contraire, c’est devenu indispensable, et même une fierté, surtout lorsqu’il s’agit d’une épreuve aussi importante que le baccalauréat. Si ce genre de pratiques n’était apprécié que par une catégorie d’élèves : les plus médiocres, aujourd’hui tout le monde s’y met, studieux et paresseux.

C’est devenu presque un droit. Pour certains, prévoir des antisèches a même un effet rassurant, histoire de se soutenir psychologiquement. «Je ne m’imagine pas entrer en classe le jour de l’examen sans avoir pris mes précautions. Certes, j’ai fourni des efforts en apprenant une bonne partie du programme, mais je ne peux pas savoir ce qui va se passer le jour J. Il se peut que j’aie un trou de mémoire à cause du trac… Impossible de courir le risque», affirme, Hiba avant que Mehdi, son collègue n’ajoute : «Nous nous basons sur la triche à 50% au moins. C’est un recours tout à fait ordinaire qui n’a rien de surprenant. Ce sont les personnes qui se débrouillent sans antisèches que je trouve anormales».

Le cauchemar de rendre la feuille blanche pousse les jeunes candidats à être «créatifs» et «innovateurs» en inventant des méthodes de triche aussi surprenantes que prodigieuses. Il faut dire aussi que les nouvelles technologies leur facilitent largement la tâche. Rachid, 19 ans, passe plus de temps à mettre en place sa nouvelle technique qu’à réviser. Explications : «Cette année, nous avons inventé une nouvelle technique de triche qu’on ne pourra pas détecter facilement. Premièrement, nous collons une lentille de caméra sur la fermeture du T-shirt ou dans un collier pour les filles… pour que la personne qui va dicter les réponses puisse voir la feuille de l’examen facilement sans avoir besoin de la faire sortir. Ensuite, on met un kit oreillette à l’intérieur de l’oreille et le tour est joué. Cet appareil est invisible et on ne peut le faire sortir qu’à l’aide d’un aimant».

No comment ! À cette technique viennent s’ajouter d’autres, déjà utilisées, mais tout aussi ingénieuses. En effet, certains écrivent eux-mêmes leurs antisèches et les impriment sur des feuilles transparentes en plastique pour les poser sur la table le jour de l’examen et copier confortablement. Enfin, les antisèches et les communications entre élèves, utilisées du temps de nos parents, sont toujours présentes. Certaines librairies vont même jusqu’à préparer les programmes de chaque branche. Ils réalisent des tas de mini-copies de toutes les leçons et attendent la commande des élèves enchantés de profiter de ce précieux service. «Avant, nous étions obligés de chercher les leçons, les organiser puis réaliser des photocopies. Maintenant, ce n’est plus la peine. Il existe des librairies qui nous facilitent la tâche», lance Azzeddine, content d’échapper à la lourde tâche de faire les photocopies des leçons lui-même pour pouvoir les utiliser au moment propice. «J’ai justement rendez-vous demain avec un libraire pour avoir les leçons que je lui ai commandées. Quel bonheur !» poursuit-il. Décidément, tous les moyens sont bons pour avoir son bac !

Les mesures du ministère de tutelle

Le ministère de l’Éducation nationale a émis plusieurs notes ministérielles portant sur la répression de la triche pendant les examens scolaires, dont la note n° 99 du 8 mars 1999 qui stipule la tenue de conseils de discipline pour prendre des décisions répressives appropriées à l’encontre des tricheurs. Dans la même optique, le ministère a émis récemment l’arrêté ministériel n° 2111.12, du 31 mai 2012, portant sur le renforcement des mécanismes de contrôle des modalités de passation des examens du baccalauréat. Ledit arrêté interdit aux candidats d’apporter le téléphone portable, l’ordinateur portable, la tablette électronique (iPhone, iPad, iPod…) ou tout autre moyen pouvant être utilisé à des fins de tromperie et de triche, au sein des centres et des salles d’examen. Cet arrêté prévoit également l’application rigoureuse des dispositions du dahir n° 1.58.060, du 25 juin 1958, portant sur la répression de la triche et la tromperie dans les examens et concours publics, contre tout candidat (e) en possession des moyens de triche susmentionnés dans les centres ou les salles d’examen

(   Le Matin  )

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